Début de l'aventure sur le jeu Earthdawn. Après un préambule entièrement inventé par mes soins, ceci est la transcription romancée du déroulement de la partie. Je n'ai rien inventé moi-même, j'ai seulement noté tout ce qu'il se passait pour en faire le compte-rendu.
Les événements décrits dans ce premier texte n'ont en fait quasiment pas été joués : c'est l'introduction de mon personnage dans le scénario (qui avait commencé sans moi) et la manière qu'a trouvé le MJ pour justifier sa présence.
La cité abandonnée des elfes de Shosara
Cette aventure commence étrangement de manière
assez peu glorieuse. Je me trouvais à ce moment là à la
bibliothèque de Throal, où je feuilletais quelques livres à la
recherche d'informations sur la magie nécromantique. Alors que je
marchais entre les étagères en lisant le préambule d'un ouvrage
prometteur, un individu a déboulé de derrière un rayon et nous
nous sommes percutés. Rien de bien grave me diras-tu, ça arrive
fréquemment. Mais il se trouvait que l'individu en question devait
déjà être irrité par je ne sais quoi, et a immédiatement
commencé à me crier après. Je pense qu'il attendait une réaction
de ma part afin d'avoir une bonne excuse pour se battre et expulser
sa colère. Ne voulant pas lui donner satisfaction, je me suis
contenté de vagues excuses avant de tourner les talons. Le type m'a
cependant attrapé par l'épaule et forcé à me retourner,
continuant d'élever la voix. Commençant moi-même à être quelque
peu énervé par son attitude, je lui ai demandé fermement de me
lâcher l'épaule – et la grappe par la même occasion. Le nain m'a
ri au nez et a commencé à appeler des connaissances à lui qui se
trouvaient plus loin dans le bâtiment. Sentant que cette affaire
allait tourner au vinaigre, j'ai profité qu'il avait la tête
tournée pour lui mettre un coup dans les parties et déguerpir. J'ai
attrapé mes affaires, lâché le livre que je tenais sur la table et
je suis sorti en courant. Je n'avais pas bien pris le temps de
compter, mais j'avais vu au moins trois gaillards approcher lorsque
le nain avait appelé ses copains. J'ai beau savoir me battre, je
reconnais que face à quatre type plus grands et forts que moi
c'était peine perdue.
J'ai essayé de me fondre dans la foule en
sortant de la bibliothèque, mais je n'avais pas fait quarante pas
que j'entendais quelqu'un crier "Il est là !". Le
nain était juste devant la porte du bâtiment, une main sur son
entrejambe et l'autre pointée vers moi. Il y avait quatre types avec
lui, et l'un d'entre eux étaient en train de faire des signes à
quelqu'un plus loin dans la rue. Je ne sais pas qui était ce nain,
mais il avait visiblement une belle bande de compères avec lui.
J'ai repris ma course dans les rues, bousculant
quelques personnes au passage. Sur le coup, je n'ai pas fait très
attention à la direction que je prenais : j'essayais surtout de
tourner régulièrement pour perdre mes poursuivants. Ca n'a
malheureusement pas fonctionné, et j'ai fini par me retrouver sur
les quais. J'entendais ou je voyais des types venant d’un peu
partout courir dans ma direction, si bien qu'il était risqué de
repartir dans l'une des rues. J'aurais pu me cacher dans une des
nombreuses auberges, mais vu leur nombre ils n'auraient pas eu de mal
à en faire le tour. Je me suis donc résolu à monter la passerelle
menant sur le pont d'un des vaisseaux amarrés. Je ne voyais personne
à bord, aussi me suis-je dis que je pourrais me dissimuler quelque
part le temps que les choses se calment. Le pont n'offrant pas
d'abris satisfaisant, je me suis engouffré par la première porte
ouverte que j'ai trouvée. Celle-ci menait à la cambuse où je me
suis caché derrière l'un des nombreux tonneaux et sacs de
provisions qu'elle contenait.
Je me suis donc tapis là, attendant que mes
poursuivants rebroussent chemin. J'espérais qu'aucun d'eux ne
voudrait fouiller le navire ; j'aurais pu en affronter un ou
deux à la fois, mais si on se faisait prendre ensuite j'étais à
peu près sûr que les choses ne seraient pas à mon avantage étant
donné la réputation des gens de ma profession. Heureusement, comme
je le pensais, ils n'ont pas osé chercher trop longtemps sur un
navire de peur de passer pour des voleurs. En tous cas, personne
n'est descendu dans la pièce où je me cachais. Au bout d'un moment,
j'ai entendu la porte se refermer. Je me suis dit que j'allais encore
attendre quelques minutes pour être sûr, puis que je sortirais
prudemment. Une dizaine de minutes plus tard, j'ai monté les marches
pour quitter la cambuse. J'ai collé mon oreille à la porte et,
n'entendant pas de bruit, j'ai voulu ouvrir cette dernière... qui se
révéla fermée à clé. Je songeais à appeler pour qu'on m'ouvre,
mais j'avais peur que mes poursuivants m'entendent s'ils étaient
toujours à fouiner dans les environs, ou bien qu'on m'accuse ensuite
d'avoir voulu dérober des choses sur le navire si c'était un membre
de l'équipage qui m'ouvrait. Je suis donc retourné me cacher, me
disant qu'avec un peu de chance quelqu'un rouvrirait la porte un peu
plus tard et que je pourrais sortir à ce moment là. J'ai donc pris
mon mal en patience et ai commencé à copier un nouveau sort dans
mon grimoire pour passer le temps.
Absorbé par ma tâche, je n'ai pas vu le temps
passer jusqu'à ce que je sente le vaisseau bouger sous moi. J'ai
rangé mes affaires précipitamment et ai de nouveau collé l'oreille
à la porte. Cette fois-ci, j'entendis les bruits caractéristiques
d'un équipage affairé : aucun doute, le navire avait pris son
envol. Je n'avais plus aucune chance de sortir sans être remarqué,
sans parler de quitter un vaisseau en plein vol. Je suis redescendu
m'asseoir, réfléchissant à une bonne excuse justifiant ma présence
clandestine. Ma réflexion fut coupée un peu plus tard par
l'ouverture de la porte. Depuis ma cachette, je vis brièvement la
silhouette d'un cul-de-jatte en haut de l'escalier. Je me suis alors
baissé derrière le tonneau, me demandant comment un cul-de-jatte
allait bien pouvoir descendre les escaliers. Et pourtant, quelques
instant plus tard je l'entendis fouiller dans les provisions.
Intrigué, j'ai voulu jeter un œil mais c'était risquer d'être
découvert. Je me suis dis alors qu'il était peu probable que je
parvienne à rester cacher pendant plusieurs jours, et qu'il valait
mieux tenter de m'expliquer au plus tôt. Je suis alors sorti de ma
cachette pour me retrouver face à un orc surpris par ma présence.
Pour ma part, j'étais d'avantage étonné par le petit chariot de
cul-de-jatte vide posé sur le sol à côté duquel l'orc se tenait
debout, bien campé sur ses deux jambes.
-Désolé, je ne devrais pas être là, je sais ;
c'est une erreur ! lui lançais-je tandis qu'il cherchait ses
mots.
-Je... Vous êtes qui, vous ? Et qu'est-ce
que vous faites là, surtout ? demanda-t-il fermement en
pointant le jambon qu'il tenait à la main comme s'il s'agissait
d'une épée.
-Je m'appelle Mûndar, et comme je viens de le
dire, c'est une erreur ! Je me suis caché là pour échapper à des
gens qui me poursuivaient, et lorsque j'ai voulu sortir j'ai trouvé
la porte fermée. Je n'avais pas l'intention d'être là au moment où
le vaisseau appareillerait.
-Ha... je vois... marmonna-t-il.
Sans doute avait-il surpris mon regard
interrogateur vers le petit chariot, car ses yeux glissèrent eux
aussi vers l'objet à roulettes.
-Hum..., je vois... répéta-t-il. Hé ben, un
secret pour un secret, hein ? Si vous voulez je dis pas que vous êtes
là, et vous vous dites rien pour ça, fit-il en se tapotant les
jambes.
-Heu... d'accord...
Je n'étais toujours pas sûr de comprendre, mais
il proposait de me cacher alors j'ai accepté, espérant toujours
éviter les problèmes.
-Restez là, ajouta l'orc. Y'a personne qui vient
ici à part moi, donc ça devrait aller. Faut que j'y aille, mais je
repasserai tout à l'heure après le repas.
Il ramassa le chariot posé au sol et remonta
l'escalier.
-Heu dites... sans vouloir être indiscret...
comment faites-vous ? demandais-je en pointant l'accessoire qui lui
était manifestement inutile.
L'orc posa le chariot en haut de l'escalier, juste
devant la porte. Il me sourit et grimpa sur le chariot, s'enfonçant
dans celui-ci jusqu'aux hanches.
-On a tous nos petits talents, lança-t-il avant
de sortir sur le pont.
Me retrouvant de nouveau seul, je termina le sort
que j'avais commencé à copier un peu plus tôt. Une ou deux heures
plus tard, l'orc réapparut. Je lui demanda alors de me montrer
comment fonctionnait son chariot, ce qu’il accepta. L'objet était
manifestement magique, enchanté par ses soins, et donnait vraiment
l'impression d'être privé de ses jambes. Il ne voulut pas entrer
dans les détails, mais il était évident qu’il possédait quelque
don dans la magie d'illusion, domaine que je connais très mal je
dois l'avouer. Je lui demanda pourquoi il se faisait passer pour un
handicapé, mais il éluda ma question et je n'insista pas. Il
m'offrit de me servir dans les restes du repas qu'il avait préparé
pour l'équipage et m'invita ensuite à boire en sa compagnie. C'est
ainsi que je me suis retrouvé à boire un verre de vin dans la
cambuse d'un navire en compagnie d'un orc faussement cul-de-jatte. Si
je n'ai bu qu'un verre ou deux de la soirée, Grimsha - car c'est
ainsi qu'il se présenta - vida le reste de la bouteille et en entama
une autre.
Je l'ai questionné pour savoir à qui
appartenait le vaisseau, où il allait et dans combien de temps on
arriverait. Il m'apprit que l'équipage avait été engagé par un
nain nommé Hector, un érudit qui souhaitait cartographier des
terres au nord. Cette dernière nouvelle n'était pas vraiment bonne,
car il était probable que le voyage dure une bonne semaine voire
deux, et il faudrait que j'attende la fin du voyage de retour pour
descendre, à moins bien sûr de vouloir me retrouver perdu au beau
milieu de nul part.
Ainsi se sont écoulés les premiers jours du
voyage. Je restais caché dans la cambuse, travaillant mes sorts ou
sculptant des os la journée et parlant et buvant avec Grimsha le
soir. Un jour, le vaisseau s'est retrouvé immobilisé plusieurs
heures durant. L'orc m'expliqua que des navires elfes nous avaient
abordé pour nous conduire ensuite à leur village.
-Apparemment ils considèrent ce territoire comme
étant le leur, et ils n'aiment pas qu'on y mette les pieds... enfin,
les voiles, m'expliqua-t-il. De ce que j'ai compris, ils étaient
tout disposés à nous exécuter juste parce qu'on est venus là -
sympas les mecs ! M'enfin, tu verrais leur tronche en même temps...
Bref, ils ont dit que si on faisait un truc pour eux, ils pourraient
être "cléments" et nous laisser partir. Du coup on est en
route pour une cité abandonnée pour récupérer je sais pas quoi.
Y'a des elfes qui sont restés à bord, pour nous surveiller.
Je grommelais intérieurement. Voila qui allait
encore rallonger le voyage, et même si j'appréciais la tranquillité
de ces derniers jours je n'avais pas l'intention de passer ma vie
dans le garde-manger d'un navire.
-Elle est loin, cette ville ? demandais-je.
-Pas trop, on devrait y être rapidement. Avec un
peu de chance ça sera vite réglé.
J'en doutais un peu, mais je ne pouvais rien y
faire alors je pris mon mal en patience.
Il ne fallut guère de temps pour atteindre cette
fameuse cité. Le vaisseau resta immobile toute une journée, et
Grimsha m'apprit le soir qu'on était juste à l'orée d'une immense
clairière dans laquelle on pouvait voir des bâtiments abandonnés.
Une équipe avait été envoyée sur place pour fouiller et trouver
le "truc" que voulaient les elfes, donc "ça devrait
être vite réglé", avait-il dit à nouveau.
Grimsha revint dans la cambuse le lendemain
matin, ce qui me surprit car il n'était jamais descendu aussitôt.
Pour la première fois depuis le début du voyage, il avait l'air
inquiet.
-Le groupe qui a été envoyé hier n'est pas
encore revenu, me dit-il. Le capitaine se prépare à descendre pour
aller voir, mais j'aimerais mieux que quelqu'un l'accompagne.
-Tu veux que j'aille avec lui ? Il ne sait même
pas que je suis là.
-C'est pas un problème, je peux lui dire.
T'inquiète pas, je pense que vu la situation elle ne le prendra pas
mal, ajouta-t-il. Mais y'a pas grand monde pour aller avec, et un
mage ça peut toujours être utile. Dis pas le contraire, j'ai bien
vu ton grimoire et tout, je pense même savoir quel genre de mage
t'es, fit-il avec un sourire.
Je haussais les épaules, en notant qu'il avait
parlé de son capitaine au féminin.
-Si tu penses qu'elle ne va pas me mettre aux
fers, je veux bien. Une cité abandonnée ça peut toujours être
intéressant, et surtout ça me fera prendre un peu l'air.
En vérité, c'était surtout ce dernier point qui
me motivait à accepter.
-Super. Bon, bouge pas, je vais lui causer et je
reviens.
Il monta les marches, sauta dans son chariot
magique et sortit.
Quelques minutes plus tard, Grimsha ouvrait de
nouveau la porte et me faisait signe de monter. Je pris mes affaires
et le suivis à l'extérieur. Sur le pont m'attendait le capitaine
que je devais accompagner. Avec une silhouette qui faisait presque
deux fois ma taille, des cheveux violets ébouriffés, une peau
bleutée sous laquelle se dessinaient des muscles puissants et une
grande épée en pierre accrochée dans son dos, la trollesse n'avait
pas du tout l'air de quelqu'un qui a besoin de protection.
-Alors comme ça on a un passager clandestin ? me
lança-t-elle.
-Heu... oui, mais en fait c'est parce que...
-Ouais ouais, peu importe, me coupa-t-elle.
Grimsha m'a raconté vite fait ce que tu fous là, et à vrai dire je
m'en cogne un peu. Si tu te rends utile, je ferai comme si t'étais
de l'équipage. J'ai envoyé des mecs dans la ville en bas hier matin
et ils sont toujours pas là, je veux voir pourquoi. Grimsha a dit
qu'il valait mieux que tu m'accompagnes - j'ai failli le cogner quand
il a dit ça, même s'il a des roulettes - mais j'avoue que la magie
c'est pas mon fort. Donc tu viens avec moi, tu t'occupes des trucs
magiques et moi du reste, ok ? Aller, on y va.
Elle se détourna et se dirigea vers une corde
attachée au bastingage avant que je puisse dire quoi que ce soit.
Elle passa par dessus le bord du vaisseau, agrippa la corde et
commença à descendre. Je me suis approché pour jeter un oeil en
contrebas : le vaisseau flottait au dessus de la cime des arbres
d'une immense forêt. Cette dernière s'arrêtait environ deux cents
mètres plus loin pour laisser place à une grande clairière dans
laquelle se dressaient plusieurs habitations relativement espacées.
Plus loin, je pouvais apercevoir une grande tour encerclée par des
remparts. Ce qui m'intriguait le plus était le sommet de cette
fameuse tour qui brillait intensément, comme si on y avait placé un
mini soleil.
-Tu devrais y aller, me dit Grimsha, Alka' n'aime
pas trop attendre...
La trollesse avait déjà disparu à travers le
feuillage. J'ai donc enjambé le bastingage à mon tour et je suis
descendu le long de la corde tant bien que mal. Juste avant d'entamer
ma descente, j'ai remarqué un groupe d'elfes un peu étranges sur le
pont, à l'écart du reste de l'équipage - sans doute les elfes dont
m'avait parlé l'orc cuistot.
Je n'ai jamais été très à l'aise pour grimper
à la corde, du coup j'ai eu l'impression que cela me prenait un
temps infini d'arriver en bas. Autre chose rendait la descente
pénible : l'air qui s'épaississait de plus en plus. Je ne parle pas
seulement de l'atmosphère étouffante qu'il peut y avoir dans une
forêt très dense ; non, l'air semblait vraiment s'épaissir à
mesure que je m'approchais du sol, un peu comme si je descendais dans
de l'eau.
Aux deux tiers de la descente, j'ai senti des
mouvements sur la corde au dessus de moi : quelqu'un d'autre était
en train de se laisser glisser et me rattrapait rapidement.
L'individu a freiné en arrivant à mon niveau, attendant patiemment
que je termine ma descente un peu plus pataude.
Lorsque j'ai finalement posé le pied sur le sol
de la forêt, Alka' m'attendait les bras croisés en tapant du pied.
-Ha, t'es là aussi toi, lança-t-elle à l'autre
individu qui se révéla être un elfe assez jeune muni d'une armure
en cuir et portant une grande lance dans son dos. Ca va mieux ?
demanda-t-elle en désignant du menton le bandage qui lui ceignait le
torse.
-Beaucoup mieux, répondit l'intéressé, ça fini
de cicatriser. Qui êtes-vous ? Je ne me rappelle pas vous avoir vu à
bord, fit-il en se tournant vers moi.
-J'étais caché, marmonnais-je. Je m'appelle
Mûndar.
-Nuada, se présenta-t-il avec un signe de tête.
Pourquoi est-ce que tu étais caché ?
-Je...
-Plus tard les présentations, on a des trucs à
faire ! coupa Alka'. Aller, en avant.
Joignant le geste à la parole, elle s'enfonça
dans la végétation dense, jouant de sa grande épée pour se
tailler un chemin lorsque c'était nécessaire. Nuada lui emboîta le
pas en tenant sa lance à la main, et je les suivis.
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