mercredi 18 janvier 2017

Earthdawn - 1ère partie

Début de l'aventure sur le jeu Earthdawn. Après un préambule entièrement inventé par mes soins, ceci est la transcription romancée du déroulement de la partie. Je n'ai rien inventé moi-même, j'ai seulement noté tout ce qu'il se passait pour en faire le compte-rendu.
Les événements décrits dans ce premier texte n'ont en fait quasiment pas été joués : c'est l'introduction de mon personnage dans le scénario (qui avait commencé sans moi) et la manière qu'a trouvé le MJ pour justifier sa présence.

La cité abandonnée des elfes de Shosara

Cette aventure commence étrangement de manière assez peu glorieuse. Je me trouvais à ce moment là à la bibliothèque de Throal, où je feuilletais quelques livres à la recherche d'informations sur la magie nécromantique. Alors que je marchais entre les étagères en lisant le préambule d'un ouvrage prometteur, un individu a déboulé de derrière un rayon et nous nous sommes percutés. Rien de bien grave me diras-tu, ça arrive fréquemment. Mais il se trouvait que l'individu en question devait déjà être irrité par je ne sais quoi, et a immédiatement commencé à me crier après. Je pense qu'il attendait une réaction de ma part afin d'avoir une bonne excuse pour se battre et expulser sa colère. Ne voulant pas lui donner satisfaction, je me suis contenté de vagues excuses avant de tourner les talons. Le type m'a cependant attrapé par l'épaule et forcé à me retourner, continuant d'élever la voix. Commençant moi-même à être quelque peu énervé par son attitude, je lui ai demandé fermement de me lâcher l'épaule – et la grappe par la même occasion. Le nain m'a ri au nez et a commencé à appeler des connaissances à lui qui se trouvaient plus loin dans le bâtiment. Sentant que cette affaire allait tourner au vinaigre, j'ai profité qu'il avait la tête tournée pour lui mettre un coup dans les parties et déguerpir. J'ai attrapé mes affaires, lâché le livre que je tenais sur la table et je suis sorti en courant. Je n'avais pas bien pris le temps de compter, mais j'avais vu au moins trois gaillards approcher lorsque le nain avait appelé ses copains. J'ai beau savoir me battre, je reconnais que face à quatre type plus grands et forts que moi c'était peine perdue.
J'ai essayé de me fondre dans la foule en sortant de la bibliothèque, mais je n'avais pas fait quarante pas que j'entendais quelqu'un crier "Il est là !". Le nain était juste devant la porte du bâtiment, une main sur son entrejambe et l'autre pointée vers moi. Il y avait quatre types avec lui, et l'un d'entre eux étaient en train de faire des signes à quelqu'un plus loin dans la rue. Je ne sais pas qui était ce nain, mais il avait visiblement une belle bande de compères avec lui.
J'ai repris ma course dans les rues, bousculant quelques personnes au passage. Sur le coup, je n'ai pas fait très attention à la direction que je prenais : j'essayais surtout de tourner régulièrement pour perdre mes poursuivants. Ca n'a malheureusement pas fonctionné, et j'ai fini par me retrouver sur les quais. J'entendais ou je voyais des types venant d’un peu partout courir dans ma direction, si bien qu'il était risqué de repartir dans l'une des rues. J'aurais pu me cacher dans une des nombreuses auberges, mais vu leur nombre ils n'auraient pas eu de mal à en faire le tour. Je me suis donc résolu à monter la passerelle menant sur le pont d'un des vaisseaux amarrés. Je ne voyais personne à bord, aussi me suis-je dis que je pourrais me dissimuler quelque part le temps que les choses se calment. Le pont n'offrant pas d'abris satisfaisant, je me suis engouffré par la première porte ouverte que j'ai trouvée. Celle-ci menait à la cambuse où je me suis caché derrière l'un des nombreux tonneaux et sacs de provisions qu'elle contenait.
Je me suis donc tapis là, attendant que mes poursuivants rebroussent chemin. J'espérais qu'aucun d'eux ne voudrait fouiller le navire ; j'aurais pu en affronter un ou deux à la fois, mais si on se faisait prendre ensuite j'étais à peu près sûr que les choses ne seraient pas à mon avantage étant donné la réputation des gens de ma profession. Heureusement, comme je le pensais, ils n'ont pas osé chercher trop longtemps sur un navire de peur de passer pour des voleurs. En tous cas, personne n'est descendu dans la pièce où je me cachais. Au bout d'un moment, j'ai entendu la porte se refermer. Je me suis dit que j'allais encore attendre quelques minutes pour être sûr, puis que je sortirais prudemment. Une dizaine de minutes plus tard, j'ai monté les marches pour quitter la cambuse. J'ai collé mon oreille à la porte et, n'entendant pas de bruit, j'ai voulu ouvrir cette dernière... qui se révéla fermée à clé. Je songeais à appeler pour qu'on m'ouvre, mais j'avais peur que mes poursuivants m'entendent s'ils étaient toujours à fouiner dans les environs, ou bien qu'on m'accuse ensuite d'avoir voulu dérober des choses sur le navire si c'était un membre de l'équipage qui m'ouvrait. Je suis donc retourné me cacher, me disant qu'avec un peu de chance quelqu'un rouvrirait la porte un peu plus tard et que je pourrais sortir à ce moment là. J'ai donc pris mon mal en patience et ai commencé à copier un nouveau sort dans mon grimoire pour passer le temps.

Absorbé par ma tâche, je n'ai pas vu le temps passer jusqu'à ce que je sente le vaisseau bouger sous moi. J'ai rangé mes affaires précipitamment et ai de nouveau collé l'oreille à la porte. Cette fois-ci, j'entendis les bruits caractéristiques d'un équipage affairé : aucun doute, le navire avait pris son envol. Je n'avais plus aucune chance de sortir sans être remarqué, sans parler de quitter un vaisseau en plein vol. Je suis redescendu m'asseoir, réfléchissant à une bonne excuse justifiant ma présence clandestine. Ma réflexion fut coupée un peu plus tard par l'ouverture de la porte. Depuis ma cachette, je vis brièvement la silhouette d'un cul-de-jatte en haut de l'escalier. Je me suis alors baissé derrière le tonneau, me demandant comment un cul-de-jatte allait bien pouvoir descendre les escaliers. Et pourtant, quelques instant plus tard je l'entendis fouiller dans les provisions. Intrigué, j'ai voulu jeter un œil mais c'était risquer d'être découvert. Je me suis dis alors qu'il était peu probable que je parvienne à rester cacher pendant plusieurs jours, et qu'il valait mieux tenter de m'expliquer au plus tôt. Je suis alors sorti de ma cachette pour me retrouver face à un orc surpris par ma présence. Pour ma part, j'étais d'avantage étonné par le petit chariot de cul-de-jatte vide posé sur le sol à côté duquel l'orc se tenait debout, bien campé sur ses deux jambes.
-Désolé, je ne devrais pas être là, je sais ; c'est une erreur ! lui lançais-je tandis qu'il cherchait ses mots.
-Je... Vous êtes qui, vous ? Et qu'est-ce que vous faites là, surtout ? demanda-t-il fermement en pointant le jambon qu'il tenait à la main comme s'il s'agissait d'une épée.
-Je m'appelle Mûndar, et comme je viens de le dire, c'est une erreur ! Je me suis caché là pour échapper à des gens qui me poursuivaient, et lorsque j'ai voulu sortir j'ai trouvé la porte fermée. Je n'avais pas l'intention d'être là au moment où le vaisseau appareillerait.
-Ha... je vois... marmonna-t-il.
Sans doute avait-il surpris mon regard interrogateur vers le petit chariot, car ses yeux glissèrent eux aussi vers l'objet à roulettes.
-Hum..., je vois... répéta-t-il. Hé ben, un secret pour un secret, hein ? Si vous voulez je dis pas que vous êtes là, et vous vous dites rien pour ça, fit-il en se tapotant les jambes.
-Heu... d'accord...
Je n'étais toujours pas sûr de comprendre, mais il proposait de me cacher alors j'ai accepté, espérant toujours éviter les problèmes.
-Restez là, ajouta l'orc. Y'a personne qui vient ici à part moi, donc ça devrait aller. Faut que j'y aille, mais je repasserai tout à l'heure après le repas.
Il ramassa le chariot posé au sol et remonta l'escalier.
-Heu dites... sans vouloir être indiscret... comment faites-vous ? demandais-je en pointant l'accessoire qui lui était manifestement inutile.
L'orc posa le chariot en haut de l'escalier, juste devant la porte. Il me sourit et grimpa sur le chariot, s'enfonçant dans celui-ci jusqu'aux hanches.
-On a tous nos petits talents, lança-t-il avant de sortir sur le pont.
Me retrouvant de nouveau seul, je termina le sort que j'avais commencé à copier un peu plus tôt. Une ou deux heures plus tard, l'orc réapparut. Je lui demanda alors de me montrer comment fonctionnait son chariot, ce qu’il accepta. L'objet était manifestement magique, enchanté par ses soins, et donnait vraiment l'impression d'être privé de ses jambes. Il ne voulut pas entrer dans les détails, mais il était évident qu’il possédait quelque don dans la magie d'illusion, domaine que je connais très mal je dois l'avouer. Je lui demanda pourquoi il se faisait passer pour un handicapé, mais il éluda ma question et je n'insista pas. Il m'offrit de me servir dans les restes du repas qu'il avait préparé pour l'équipage et m'invita ensuite à boire en sa compagnie. C'est ainsi que je me suis retrouvé à boire un verre de vin dans la cambuse d'un navire en compagnie d'un orc faussement cul-de-jatte. Si je n'ai bu qu'un verre ou deux de la soirée, Grimsha - car c'est ainsi qu'il se présenta - vida le reste de la bouteille et en entama une autre.
Je l'ai questionné pour savoir à qui appartenait le vaisseau, où il allait et dans combien de temps on arriverait. Il m'apprit que l'équipage avait été engagé par un nain nommé Hector, un érudit qui souhaitait cartographier des terres au nord. Cette dernière nouvelle n'était pas vraiment bonne, car il était probable que le voyage dure une bonne semaine voire deux, et il faudrait que j'attende la fin du voyage de retour pour descendre, à moins bien sûr de vouloir me retrouver perdu au beau milieu de nul part.
Ainsi se sont écoulés les premiers jours du voyage. Je restais caché dans la cambuse, travaillant mes sorts ou sculptant des os la journée et parlant et buvant avec Grimsha le soir. Un jour, le vaisseau s'est retrouvé immobilisé plusieurs heures durant. L'orc m'expliqua que des navires elfes nous avaient abordé pour nous conduire ensuite à leur village.
-Apparemment ils considèrent ce territoire comme étant le leur, et ils n'aiment pas qu'on y mette les pieds... enfin, les voiles, m'expliqua-t-il. De ce que j'ai compris, ils étaient tout disposés à nous exécuter juste parce qu'on est venus là - sympas les mecs ! M'enfin, tu verrais leur tronche en même temps... Bref, ils ont dit que si on faisait un truc pour eux, ils pourraient être "cléments" et nous laisser partir. Du coup on est en route pour une cité abandonnée pour récupérer je sais pas quoi. Y'a des elfes qui sont restés à bord, pour nous surveiller.
Je grommelais intérieurement. Voila qui allait encore rallonger le voyage, et même si j'appréciais la tranquillité de ces derniers jours je n'avais pas l'intention de passer ma vie dans le garde-manger d'un navire.
-Elle est loin, cette ville ? demandais-je.
-Pas trop, on devrait y être rapidement. Avec un peu de chance ça sera vite réglé.
J'en doutais un peu, mais je ne pouvais rien y faire alors je pris mon mal en patience.

Il ne fallut guère de temps pour atteindre cette fameuse cité. Le vaisseau resta immobile toute une journée, et Grimsha m'apprit le soir qu'on était juste à l'orée d'une immense clairière dans laquelle on pouvait voir des bâtiments abandonnés. Une équipe avait été envoyée sur place pour fouiller et trouver le "truc" que voulaient les elfes, donc "ça devrait être vite réglé", avait-il dit à nouveau.
Grimsha revint dans la cambuse le lendemain matin, ce qui me surprit car il n'était jamais descendu aussitôt. Pour la première fois depuis le début du voyage, il avait l'air inquiet.
-Le groupe qui a été envoyé hier n'est pas encore revenu, me dit-il. Le capitaine se prépare à descendre pour aller voir, mais j'aimerais mieux que quelqu'un l'accompagne.
-Tu veux que j'aille avec lui ? Il ne sait même pas que je suis là.
-C'est pas un problème, je peux lui dire. T'inquiète pas, je pense que vu la situation elle ne le prendra pas mal, ajouta-t-il. Mais y'a pas grand monde pour aller avec, et un mage ça peut toujours être utile. Dis pas le contraire, j'ai bien vu ton grimoire et tout, je pense même savoir quel genre de mage t'es, fit-il avec un sourire.
Je haussais les épaules, en notant qu'il avait parlé de son capitaine au féminin.
-Si tu penses qu'elle ne va pas me mettre aux fers, je veux bien. Une cité abandonnée ça peut toujours être intéressant, et surtout ça me fera prendre un peu l'air.
En vérité, c'était surtout ce dernier point qui me motivait à accepter.
-Super. Bon, bouge pas, je vais lui causer et je reviens.
Il monta les marches, sauta dans son chariot magique et sortit.
Quelques minutes plus tard, Grimsha ouvrait de nouveau la porte et me faisait signe de monter. Je pris mes affaires et le suivis à l'extérieur. Sur le pont m'attendait le capitaine que je devais accompagner. Avec une silhouette qui faisait presque deux fois ma taille, des cheveux violets ébouriffés, une peau bleutée sous laquelle se dessinaient des muscles puissants et une grande épée en pierre accrochée dans son dos, la trollesse n'avait pas du tout l'air de quelqu'un qui a besoin de protection.
-Alors comme ça on a un passager clandestin ? me lança-t-elle.
-Heu... oui, mais en fait c'est parce que...
-Ouais ouais, peu importe, me coupa-t-elle. Grimsha m'a raconté vite fait ce que tu fous là, et à vrai dire je m'en cogne un peu. Si tu te rends utile, je ferai comme si t'étais de l'équipage. J'ai envoyé des mecs dans la ville en bas hier matin et ils sont toujours pas là, je veux voir pourquoi. Grimsha a dit qu'il valait mieux que tu m'accompagnes - j'ai failli le cogner quand il a dit ça, même s'il a des roulettes - mais j'avoue que la magie c'est pas mon fort. Donc tu viens avec moi, tu t'occupes des trucs magiques et moi du reste, ok ? Aller, on y va.
Elle se détourna et se dirigea vers une corde attachée au bastingage avant que je puisse dire quoi que ce soit. Elle passa par dessus le bord du vaisseau, agrippa la corde et commença à descendre. Je me suis approché pour jeter un oeil en contrebas : le vaisseau flottait au dessus de la cime des arbres d'une immense forêt. Cette dernière s'arrêtait environ deux cents mètres plus loin pour laisser place à une grande clairière dans laquelle se dressaient plusieurs habitations relativement espacées. Plus loin, je pouvais apercevoir une grande tour encerclée par des remparts. Ce qui m'intriguait le plus était le sommet de cette fameuse tour qui brillait intensément, comme si on y avait placé un mini soleil.
-Tu devrais y aller, me dit Grimsha, Alka' n'aime pas trop attendre...
La trollesse avait déjà disparu à travers le feuillage. J'ai donc enjambé le bastingage à mon tour et je suis descendu le long de la corde tant bien que mal. Juste avant d'entamer ma descente, j'ai remarqué un groupe d'elfes un peu étranges sur le pont, à l'écart du reste de l'équipage - sans doute les elfes dont m'avait parlé l'orc cuistot.

Je n'ai jamais été très à l'aise pour grimper à la corde, du coup j'ai eu l'impression que cela me prenait un temps infini d'arriver en bas. Autre chose rendait la descente pénible : l'air qui s'épaississait de plus en plus. Je ne parle pas seulement de l'atmosphère étouffante qu'il peut y avoir dans une forêt très dense ; non, l'air semblait vraiment s'épaissir à mesure que je m'approchais du sol, un peu comme si je descendais dans de l'eau.
Aux deux tiers de la descente, j'ai senti des mouvements sur la corde au dessus de moi : quelqu'un d'autre était en train de se laisser glisser et me rattrapait rapidement. L'individu a freiné en arrivant à mon niveau, attendant patiemment que je termine ma descente un peu plus pataude.
Lorsque j'ai finalement posé le pied sur le sol de la forêt, Alka' m'attendait les bras croisés en tapant du pied.
-Ha, t'es là aussi toi, lança-t-elle à l'autre individu qui se révéla être un elfe assez jeune muni d'une armure en cuir et portant une grande lance dans son dos. Ca va mieux ? demanda-t-elle en désignant du menton le bandage qui lui ceignait le torse.
-Beaucoup mieux, répondit l'intéressé, ça fini de cicatriser. Qui êtes-vous ? Je ne me rappelle pas vous avoir vu à bord, fit-il en se tournant vers moi.
-J'étais caché, marmonnais-je. Je m'appelle Mûndar.
-Nuada, se présenta-t-il avec un signe de tête. Pourquoi est-ce que tu étais caché ?
-Je...
-Plus tard les présentations, on a des trucs à faire ! coupa Alka'. Aller, en avant.
Joignant le geste à la parole, elle s'enfonça dans la végétation dense, jouant de sa grande épée pour se tailler un chemin lorsque c'était nécessaire. Nuada lui emboîta le pas en tenant sa lance à la main, et je les suivis.

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