Suite de l'aventure d'Earthdawn qui est, je le rappelle, la transcription d'une partie de Jdr.
La cité abandonnée des elfes de Shosara (suite)
Tout en marchant, je me suis rendu compte que,
contrairement à ce que je m'attendais, aucun des membres du groupe
n'avais fait de remarque au sujet de la voie de magie que je
pratiquais. Ils l'avaient pourtant immanquablement deviné - qui
d'autre qu'un nécromancien transperce ses ennemis avec des lances
d'os magiques ? - mais il semblait qu'ils préféraient juger ma
magie sur son utilité plutôt que sur sa réputation ; une attitude
aussi rare qu'appréciable.
En approchant du pont, nous aperçûmes des
silhouettes se tenant devant, que les autres reconnurent
manifestement.
-C'est Hector avec l'obsidien, fit Omario, mais...
Il se mit à courir dans leur direction et les
autres firent de même un instant plus tard. Ne comprenant pas la
raison de cette précipitation, je suivis tout de même le mouvement
avec un peu de retard. Je compris une fois arrivé à leur hauteur :
Hector était agenouillé devant une silhouette allongée dont il
tenait la main. La silhouette en question était celle d'un elfe
Shosara qui avait manifestement subi des brûlures magiques et dont
les yeux vides fixaient le ciel tandis qu'un peu de sang coulait au
coin de ses lèvres. Hector lui-même présentait une blessure au
bras à laquelle il ne prêtait aucune attention, pas plus qu'à nous
d'ailleurs. Il avait l'air traumatisé et oscillait faiblement
d'avant en arrière en marmonnant des choses qui ne s'adressaient à
personne en particulier.
A côté de lui se tenait un obsidien aussi peu
expressif que le sont ceux de son espèce. Il avait pour tout
vêtement un genre de caleçon dessiné à même sa peau de pierre et
portait un gros pilier de roche, qui devait lui servir de massue, sur
l'épaule.
Tandis qu'Omario s'agenouillait au dessus de
l'elfe pour vérifier s'il respirait encore, Nuada s'approcha
d'Hector pour essayer de le tirer de son état traumatique. Le tsrang
releva la tête vers nous en la hochant sur le côté avant de fermer
les yeux du mort. Elinthar s'approcha, dit quelque chose, prit son
congénère dans ses bras et commença à s'éloigner en courant.
-Il dit que son corps doit reposer dans la forêt,
traduisit Nuada. Il nous rejoindra après l'avoir déposer sous les
arbres.
Il parvint ensuite à faire reprendre ses esprits
au nain qui expliqua, de manière décousue, qu'un sort s'était
déclenché lorsqu'ils avaient voulu entrer dans le fort. Des
projectiles magiques avaient fondus sur eux : lui même en avait reçu
un dans le bras, mais la plupart avaient frappé l'elfe. Ils avaient
réussi à franchir le pont pour ressortir, puis le Shosara s'était
effondré, terrassé par ses blessures.
Utilisant ma vision astrale, j'ai essayé de
repérer d'autres runes de garde qui risqueraient de se déclencher,
mais je n'en vis aucune. Soit il n'y en avait plus, soit le mage qui
les avait posées l'avait fait avec beaucoup trop d'habilité. J'en
informais mes compagnons.
-Hé ben on va voir alors, lança Alka'.
La trollesse s'engagea sur le pont d'un bon pas.
Lorsqu'elle l'eut à moitié traversé sans déclencher d'explosion,
le reste du groupe la suivit en prenant soin de marcher sur ses
traces ; Rudolf dû laisser son tauruk derrière lui, le monstre
volant ne pouvant toujours pas approcher des remparts. N'y avait-il
pas d'autre rune dissimulée ou bien avons nous eu la chance de ne
déclencher aucune d'entre-elles ? Je ne sais pas, toujours est-il
qu'aucun projectile magique ni aucune explosion ne nous a frappé par
la suite.
La face intérieure des remparts était creusée
à intervalles réguliers, laissant supposer que de petits étals de
marchandises pouvaient s'y trouver autrefois. Certaines de ces
cavités abritaient de vieux râteliers d'armes. Les bâtiments
présents dans la cour ressemblaient à des entrepôts à l'exception
de l'un d'entre eux. Ce dernier, beaucoup plus décoré que les
autres avec des piliers sculptés représentant des elfes des deux
sexes, attira l'attention d'Hector qui se mis à l'inspecter,
l'obsidien sur ses talons pour le protéger. Quant à nous, nous nous
intéressions beaucoup plus à l'énorme tour qui se trouvait au
centre.
Deux séries de marches permettaient de gagner
l'entrée en décrivant un arc de cercle à droite et à gauche. Dans
l'espace ménagé entre ces deux escaliers se trouvaient une fontaine
sans eau et les restes d'un petit jardin ornemental. Nous levâmes
ensuite les yeux vers le sommet de la tour qu'un large escalier sans
rambarde permettait de gagner en longeant le mur extérieur.
Nuada proposa d'attendre le retour d'Elinthar
avant de monter à l'assaut de la tour, disant que le Shosara ne
mettrait pas trop de temps à faire l'aller-retour jusqu'à la forêt.
Cela ne plut pas à la trollesse qui voulait monter sans plus tarder,
mais nous étions tous d'accord avec l'elfe. Voyant qu'elle était
seule contre tous, elle s'énerva et repartit soudain vers le pont à
grandes enjambées.
-Faites comme vous voulez ! lança-t-elle. Mais
vous avez intérêt à être revenus avant deux semaines, sinon je
mets les voiles !
Il ne fallut pas attendre longtemps pour
qu'Elinthar nous rejoigne au pied de la tour. Alors que nous posions
le pied sur la première marche de l'escalier, une voix grondante
nous interpella.
-Où croyez-vous aller ainsi ?
Levant les yeux vers le sommet des marches, nous
vîmes une créature qui semblait être un mélange de plusieurs
autres espèces. Une tête humaine et un buste de femme surmontaient
un corps de lion sur lequel poussaient deux grandes ailes couvertes
de plumes bleutées. La créature - une sphinge - mesurait deux bons
mètres au garrot et nous dominait depuis le balcon devant les portes
de la tour.
-Heu... bonjour, hasarda Nuada, êtes-vous le
gardien des lieux ?
-En effet, répondit la créature. J'ai senti tout
à l'heure une anomalie se produire, et j'ai vu de la terre calcinée,
en êtes-vous responsables ? demanda-t-elle en braquant son regard
sur Elinthar.
Elle dit quelque chose en elfique, que je supposa
être une répétition de sa question. L'elfe lui répondit, l'air
gêné.
-Quoi qu'il en soit, reprit-elle en langue naine,
si vous venez chercher ce qui se trouve au sommet de la tour, sachez
que le roi m'a ordonné de ne laisser personne y accéder.
-Le roi Shosara ? intervint Omario. Depuis quand
veillez-vous sur cette tour ?
-Quelques centaines d'années sans doute, ça n'a
pas d'importance.
-Toujours est-il que c'est le triumvira, les
nouveaux dirigeants des elfes Shosara, qui nous envoie, reprit Nuada.
-Je ne sais rien de ce triumvira, et je ne
reconnais pas son autorité, gronda la sphinge. Mon roi m'a confié
une mission, et je m'y tiendrai... mais...
Elle tapota le sol de ses griffes en nous
regardant.
-Mais il est vrai que garder seule cette tour
pendant toutes ces années m'a profondément ennuyée. Je suis
joueuse, voyez-vous ? Je vous laisse une chance. Répondez à une
petite énigme et vous pourrez passer. Qu'en dites-vous ?
Après une brève consultation du regard, nous
avons bien entendu accepté la proposition.
-Bien ! clama la sphinge en agitant la queue et en
dressant le buste. Je suis unique et multiple, personne ne me connaît
complètement, je n'appartiens à personne bien que tout le monde ai
la sienne, certains sont en quête de moi mais jamais ils ne me
trouveront entièrement.
Sur ces mots, elle se coucha au sommet des marches
et nous regarda en souriant.
-Prenez le temps qu'il vous faudra pour réfléchir,
ajouta-t-elle, mais attention, vous n'avez droit qu'à une seule
réponse pour tout votre groupe.
Elle se mit alors à contempler ses griffes d'un
air nonchalant.
Nous nous regroupâmes pour discuter de la
réponse. Plusieurs idées furent émises ; pour ma part, je songea
assez rapidement à "la vérité". Elinthar avait la même
idée que moi et, après un bref débat, ce fut cette réponse que
nous donnâmes.
La sphinge se redressa en faisant la moue.
-Bonne réponse, concéda-t-elle. Cela fait trop
longtemps que je n'ai plus eu personne pour jouer, je me suis
précipitée et ai donné quelque chose de trop facile. Soit, je vous
laisse passer. Je vais vous regarder gravir cette tour, ça me
distraira.
Sur ces mots, elle prit son envol et plana
mollement jusqu'au rempart sur lequel elle se coucha et se mit à
nous observer.
Nous gravîmes les marches menant au perron de la
tour. Freeks nous rejoignit à ce moment là, le renard de Rudolf
arrivant quelques instants plus tard pour se jeter dans les bras de
son maître. Si certains étaient curieux de savoir ce qu'il avait
trouvé dans le mausolée, nous étions d'accord pour dire que ce
n'était pas le moment d'en parler ; il nous fallait revenir à bord
du vaisseau avant que la patience d'Alka' ne s'épuise.
La double porte permettant de pénétrer dans la
tour était verrouillée. Une tête de lion sculptée se trouvait au
centre, tenant dans sa gueule une gemme rougeoyante. Il ne fallut
qu'un bref examen pour déceler la magie que contenait la pierre.
Redoutant un sort de garde, Elinthar, Nuada et moi avons préféré
gravir l'escalier extérieur tandis que les autres restaient en bas
pour examiner la porte plus en détail.
L'escalier montait en colimaçon autour du
bâtiment, se décollant parfois du mur pour décrire une courbe
élégante, et des portes semblables à celle d'en bas permettaient
d'y pénétrer à intervalles réguliers. Chacune de ces ouvertures
présentant le même genre de gemme probablement piégée, nous
n'avons pas essayé de les ouvrir.
Les marches, très larges au début, se firent
plus petites à mesure que nous approchions du sommet. Nous arrivâmes
finalement en haut de l'édifice où nous attendait une sphère
d'énergie éblouissante. Nous étions obligés de regarder
constamment nos pieds à cause de son éclat aveuglant, mais les
brefs coups d'oeil que j'ai jeté dans sa direction m'apprirent
qu'elle faisait une trentaine de centimètres de diamètre, même si
sa radiance la faisait paraître plus imposante.
-Et maintenant ? demanda Nuada. Comment on emporte
cette chose ? On peut la tenir dans nos mains ? me demanda-t-il.
N'ayant jamais vu ni entendu parler de ce genre
d'artefact, je ne su quoi lui répondre. Nous interrogeâmes Elinthar
du regard, mais le Shosara n'en savait manifestement pas plus que
nous. Nuada défit alors sa cape, s'approcha prudemment de la sphère
et entreprit de la couvrir avec le vêtement. Un puissant flash de
lumière éclata alors, nous aveuglant momentanément alors même que
nous ne regardions pas en direction de la sphère. Lorsque je
retrouva finalement la vue au bout de plusieurs longues secondes,
l'endroit me parut bien sombre, et pour cause : la sphère n'était
plus là. Seul Nuada se trouvait au centre de la plate-forme, gisant
sur le sol. Nous nous approchâmes avec Elinthar et constatâmes avec
soulagement qu'il était seulement inconscient. Le soulagement ne
dura pas car la tour commença à vibrer dangereusement sous nos
pieds. Ni une ni deux, Elinthar saisit Nuada sous les épaules tandis
que je soulevais ses jambes et nous descendîmes l'escalier aussi
vite que nous l'osâmes. La tour tremblait de plus en plus ; je
suppose que l'anomalie magique qui maintenait cet endroit dans une
bulle temporelle était fortement liée à la sphère d'énergie.
Cette dernière disparue, plus rien ne maintenait le tout en place.
Arrivés tout en bas, nous confiâmes Nuada à
l'obsidien qui se tenait là avec Hector. Nous ne voyions pas les
autres, mais la porte d'entrée de la tour était ouverte. Je m'y
précipita et jeta un bref coup d'oeil à l'intérieur. Ne les voyant
toujours pas, je leur hurlais de sortir au plus vite si jamais ils se
trouvaient dans les étages supérieurs et de regagner le navire.
Ce n'était pas seulement la tour qui tremblait,
mais bien toute la zone. Nous nous sommes mis à courir le plus vite
que nous pouvions pour gagner le vaisseau. Alors que nous
franchissions le pont, le tauruk vola au dessus de nous en direction
de la tour, très certainement pour aller chercher son maître ;
manifestement, la barrière qui l'empêchait de passer s'était
dissipée. Freeks nous rejoignit un peu plus loin en volant, nous
disant qu'Omario avait pu sortir également et ne tarderait pas à
arriver.
La bulle temporelle se délitait rapidement :
lorsque nous avons quitté la tour nous pensions être en plein
après-midi, mais la pénombre nocturne s'abattit durant les quelques
minutes que dura notre course et, lorsque nous avons atteint la corde
pour regagner le vaisseau, il faisait nuit. Nous montâmes les uns
après les autres, encordant Nuada pour le hisser à bord. Elinthar
insista tout de même pour nous fouiller afin de s’assurer que nous
n’avions rien emporté de ce qui se trouvait en ville.
Je fus un des premiers à regagner le pont.
Tandis que les autres gravissaient la corde à leur tour,
j'interrogeais Alka' sur le temps que nous avions mis pour revenir et
elle m'apprit qu'elle avait regagné le navire depuis presque une
semaine. Je me suis ensuite dirigé vers Nuada qui avait été
allongé dans un coin. Il reprit conscience un peu plus tard, disant
qu'il se sentait en pleine forme. Je lui résumais ce qu'il s'était
passé après son évanouissement alors que les derniers membres du
groupe posaient le pied sur le pont. Alka' n'attendit pas une seconde
de plus et donna l'ordre de lever les voiles
Ainsi nous quittâmes cette ville fantôme qui se
transformait rapidement en un tas de ruines tandis que le navire
s'éloignait, accompagné par le tauruk qui volait à une certaine
distance de nous.
yeeeeeeeh !
RépondreSupprimerJe commence à vraiment apprécier cette histoire !
merci merci merci ^^
Heu, de rien.
Supprimer*C'est louche cet enthousiasme* :p
Louche ? Mais pourquoi ;)
RépondreSupprimerJe regrette juste que tu ne sois pas plus connu car tu le mérite vraiment !
Pour ma part, je suis pas foutue d'écrire une histoire...
Alors qd qlq1 en écrit une bien, je manifeste mon enthousiasme (pour reprendre tes termes ^^)
Mais si tu veux, le prochain message sera juste un "ouai" :P
Je te souhaite de bonnes vacances (si tu en a bien entendu ) ^^
Je sais pas, je trouve pas ça sensationnel comme récit, c'est une transcription de JDR, avec ce que ça implique d'approximation et d'incohérences. Je pense pas que ça soit aussi bien que mon vrai roman :p
SupprimerJ'ai des vacances, à la fin de la semaine :)