Les rois-dragons

Les rois-dragons est une trilogie écrite par Stephen Deas relatant la lutte pour le pouvoir des souverains tandis qu'un dragon rebelle fait des siennes dans les royaumes.

Présentation

Moi j'aime bien les dragons. Du coup, quand je vois un roman qui parle de dragons, ça m'intéresse. Mais il va falloir que j'apprenne à me méfier : après Prince dragon qui est un des romans que j'aime le moins dans ma bibliothèque (au point que je n'ai même pas lu la trilogie complète), voici la série des Rois-dragons qui m'a laissé un sentiment de... mouaif. Si je devais résumer mon ressenti sur cette saga, ça serait : «Tout ça pour ça ?».

L'humanité a domestiqué les dragons, ou plus exactement les a asservis grâce aux potions des alchimistes qui les maintiennent dans un état docile. Depuis, les dragons sont des armes de guerre au service des rois et des reines. Alors que l'orateur des royaumes (le chef suprême) arrive à la fin de son règne, le prince Jehal et la reine Zafir complotent pour s'emparer du trône à la place de la reine Shezira, pressentie pour être la prochaine oratrice. Pendant ce temps, un dragon privé de potions alchimiques se retrouve affranchi de son état de servitude et entreprend de libérer ses congénères et de se venger des humains.

Avis

Le premier élément qui frappe, et qui se voit peut être dans ce résumé, c'est qu'il y a en vérité deux histoires en parallèles : les actions du dragon rebelle d'un côté, et les magouilles politiques de l'autre. Et les deux récits s'ignorent superbement pendant la quasi-totalité de la saga, ne se rejoignant vraiment qu'à la fin. Certes, certains personnages font parfois mention de ce dragon rebelle, mais presque tout le monde s'en fout, trop occupés qu'ils sont par leurs intrigues politiques et leurs guerres entre souverains. Alors ça n'est pas forcément un défaut, mais c'est un peu bizarre de voir tout le monde traiter ce problème de dragon rebelle par dessus la jambe alors que c'est présenté comme étant une catastrophe.

L'univers du récit est intéressant, même si on ne voit quasiment tout que du point de vue des souverains, et leur vision se résume globalement à qui va s'asseoir sur le trône de l'orateur et combien de dragons ils ont sous leurs ordres. Le récit se suit bien, les personnages ont des personnalités assez marquées pour qu'ils soient attachants, et l'auteur n'hésite pas à faire mourir certains personnages, parfois de façon assez soudaine, ce qui peut être bienvenu pour la surprise.

Globalement, j'ai bien apprécié la lecture et l'histoire se déroule sans mal. Il y a cependant plusieurs éléments qui me dérangent au final, ce qui fait que cette trilogie se retrouve seulement dans la catégorie des «Mouais, bof».

Mon premier soucis, ce sont les personnages. Même si j'avais envie de savoir ce qui allait se passer ensuite, je les trouve assez peu appréciables. Globalement, tous les protagonistes sont des connards : le prince Jehal qui n'hésite pas à trahir et à assassiner pour arriver à ses fins, le dragon rebelle qui veut juste tout cramer et le mercenaire qui ne pense qu'à tuer des chevaliers-dragons (c'est encore le personnage le plus appréciable du lot). On a envie de savoir ce qui va arriver ensuite, leur personnalité est assez marquée pour nous ancrer dans le récit, mais personnellement je me foutais un peu qu'il leur arrive malheur (d'ailleurs, pour certains, j'ai juste trouvé ça mérité quand c'est arrivé).

Il y a aussi pas mal d'éléments qui ont l'air d'être importants, et qui au final ne servent à rien ou disparaissent sans prévenir. Pour ne donner qu'un exemple et ne pas trop en dire, on suit pendant un moment l'une des filles de la reine Shezira qui est à la recherche de son dragon. Et au final, ça ne mène strictement à rien : ce qu'elle a fait n'a aucun impact sur la fin de l'histoire, et le personnage disparaît sans prévenir au bout d'un moment.

Et d'ailleurs, je vais être obligé de parler de la fin, qui est le plus gros «Tout ça pour ça ?» du récit.

La fin

Je préviens même si ça semble évident : je vais dévoiler la fin de l'histoire, donc si vous ne voulez rien savoir sautez directement à la conclusion.

Comme je vous l'ai dit, il y a en fait deux récits : la lutte pour le pouvoir des rois, et la rébellion des dragons. Et au final... ce sont les dragons qui gagnent. À la fin, les dragons sont libres et l'humanité est décimée. C'est donc un récit qui finit mal pour les humains, même si ce n'est pas si triste vu que tout ceux qu'on a suivis (ou presque) sont des connards.

Mais le plus gros soucis, c'est que du coup la lutte de pouvoir qu'on a suivie tout du long ne sert strictement à rien, puisqu'à la fin tout le monde est mort. Or, c'est cela qui remplit au moins les 2/3 du récit. La majorité des événements décrits dans le livre ne mènent donc à rien, puisqu'à la fin les dragons rasent tout. On peut virer presque tout ce qui concerne les magouilles de Jehal et compagnie pour ne garder que les parties avec les dragons rebelles, la fin sera la même.

La fin n'est vraiment pas satisfaisante : tous les humains sont morts (même si on a suivi des connards, c'est quand même une mauvaise fin), et c'est difficile d'être du côté des dragons car ils n'ont pas une personnalité spécialement intéressante : à part manger et cramer des trucs, ils ne pensent pas à grand chose.

Cette issue est en plus ultra-prévisible. Plus on avance dans le récit, et moins on voit comment les dragons rebelles pourraient être arrêtés. Au milieu du récit la situation semble déjà irréversible, et pendant tout le reste du bouquin (j'ai un livre qui condense les trois volumes) je me suis demandé avec quel miracle l'auteur allait faire en sorte que les humains arrivent à se défendre pour ne pas tous être exterminés. Il présente la Lance adamantine comme une solution potentielle, mais au final elle ne sert à tuer qu'un ou deux dragons et c'est tout (encore un truc qui avait l'air important, mais en fait non). Un peu comme les sorciers d'argent. On en entend parler depuis le début de la série, et quand finalement y'en a un qui pointe son nez pas loin de la fin, il tue un dragon et... se barre. Voila. Merci d'être passé mec, ça nous a fait plaisir.

Au final, pas de miracle pour les humains (c'est la seule chose qui peut surprendre), mais beaucoup de choses inutiles.

Conclusion

Même si j'ai apprécié la lecture de cette série, j'en suis au final assez déçu. Si le récit se suit sans mal et est prenant, on finit par se rendre compte qu'il y a beaucoup d'éléments qui ne servent à rien, ne sont finalement pas développés ou disparaissent subitement (un peu comme certains personnages), le pompon revenant à la fin qui rend inutile plus de la moitié de la saga. Si on ajoute à cela des personnages peu appréciables, on obtient un livre que je vais ranger sur l'étagère des bouquins que je ne relirai sans doute jamais.