jeudi 14 octobre 2021

Agony et Succubus

Avant toute chose, cet article va parler de deux jeux estampillés 18 ans et plus, donc si vous êtes un américain puritain hypocrite ou que vous avez la phobie des tétons, passez votre chemin.

Succubus est un jeu créé par Madmind studio dans lequel vous incarnez une succube qui dézingue des hordes de démons et de damnés dans un univers très gore et sexuel. Si le jeu m'a intrigué à la base, c'est à la fois pour son aspect bourrin et défouloir et par le fait que les développeurs avaient l'air de se torcher avec le politiquement correct, ce qui est plutôt rare et que je trouve bienvenu. Beaucoup de gens ont tendance à penser que si un jeu (ou un film ou quoi que ce soit) met en avant un côté sexuel prononcé c'est parce qu'il n'a rien d'autre à vendre et vont le dénigrer par principe, ce qui n'est pas mon cas. Mais au final, qu'est-ce que ça donne ?

Je suis tombé sur Succubus complètement par hasard en fouillant un peu au pif dans la bibliothèque Steam. À ce moment là le jeu était encore en développement mais se présentait comme un jeu à la première personne dans lequel on se bat contre tout un tas de gugus et de démons (je dis pas FPS parce que concrètement on se bat au corps à corps, mais bon l'idée est là) dans un univers à la fois gore et sexy : l'héroïne et les ennemis sont tous à poil ou pas loin et on démembre et tranche à tout va. Le jeu proposait une démo gratuite que j'ai donc testée, et si cette démo a attisé ma curiosité, j'avais tout de même quelques réserves sur de nombreux points. Le jeu est finalement sorti ce début octobre et la curiosité l'a emporté sur les réserves, d'autant que le jeu a le bon goût de ne pas coûter trop cher (25€ hors promo). Mais entre temps, j'ai par curiosité testé le jeu précédent du studio, Agony, qui se déroule dans le même univers.

Agony, ou «Une balade en enfer»

Si ce premier jeu se déroule dans le même univers que Succubus, à savoir des enfers avec des démons très portés sur le sexe et tout un tas de pauvres hères qui servent d'amusement à ces derniers, le style de jeu est très différent. Ici on incarne pas un démon mais bien l'un de ces humains misérables et sans défense. Le jeu se veut plus comme un jeu d'horreur/survie (bon, plutôt survie quand même, c'est pas très horrifique en vrai) en enfer et... ben c'est franchement pas terrible (heureusement que je ne l'ai payé que 2€).

Le jeu est ultra chiant car il se résume à une seule chose : avancer et trouver le chemin vers la sortie en évitant tout ce qui peut nous tuer, c'est à dire à peu près tout, justement. Il n'y a pas vraiment d'énigme ni quoi que ce soit de spécial à faire, il faut simplement avancer en évitant les démons et autres pièges. C'est pas franchement passionnant, surtout quand vous vous retrouvez paumé dans des tunnels sans trop savoir si vous vous rapprochez de la sortie ou non malgré la carte pas toujours très pratique.

Outre son ambiance particulière, le jeu n'a qu'une seule idée intéressante : la possession. En effet, lorsqu'on meurt dans Agony (ce qui arrive très facilement), on a pas directement un game over : l'esprit de notre personnage s'échappe et peut aller posséder un autre humain qui se trouve dans les parage, nous permettant ainsi de continuer avec cette nouvelle enveloppe. À un certain point du jeu, on devient même capable de prendre possession de certains démons, ce qui permet d'avoir une approche plus agressive et de se battre un peu.

Malgré tout, j'ai trouvé le jeu relativement chiant et plat vu qu'il n'y a à peu près rien à faire à part avancer et collecter les milliers de statuettes dorées qui ne servent qu'à débloquer des bonus, comme des dessins ou la visualisation des modèles des différentes créatures du jeu. Le jeu m'emballait pas et j'en attendais rien d'intéressant, et c'est exactement ce que j'ai eu.

Succubus, le vrai jeu

L'histoire et les personnages

Succubus nous place donc dans la peau de Vydija, une... succube, bravo, qui se fait arracher ses ailes par un gros démon nommé Baphomet et qui la laisse pour morte. Sauf qu'elle ne l'est pas vraiment et elle va chercher à traverser les enfers pour se venger.

Voila, c'est tout. Je viens de vous résumer l'intégralité de l'histoire du jeu (navré pour le divulgâchage, comme disent les vrais). Il n'y a pas de rebondissement en chemin ni rien, l'histoire n'est ici qu'un pur prétexte. C'est d'ailleurs un des points que je trouve dommage, c'est qu'il n'y a rien pour lier les niveaux entre eux ni pour justifier leur exploration. On lance un niveau, Vydija débarque là on sait pas trop pourquoi ni comment ni pour quoi faire, et en avant. À une ou deux exceptions près on aura pas d'autre explication que : «C'est un jeu, il faut traverser des niveaux, donc il y a des niveaux à traverser. Voila».

Bon honnêtement j'attendais pas grand chose de l'histoire, mais là quand même je trouve que c'est trop léger, j'aurais aimé au moins un vague fil conducteur ne serait-ce que pour justifier l'exploration des différents niveaux. Là, c'est vraiment complètement gratuit.

Pour les personnages, ben... Vydija est une succube, elle aime le sexe et la violence. Et le méchant est méchant (et l'acolyte du méchant aussi). Y'a bien un autre type qui nous accompagne tout du long sous la forme d'un esprit, mais il sert tellement à rien (à part blablater un peu par moments) que j'ai même pas retenu son nom.

Bref, les développeurs ne se sont pas trop foulés de ce côté là, mais même encore moins que ce que j'en attendais, et j'attendais pourtant pas grand chose.

Les bonnes mœurs ? C'est quoi ?

Il est temps de parler du côté non consensuel du jeu, parce que c'est tout de même un de ses plus gros attraits et arguments de vente. De ce côté là en revanche, le contrat est plutôt rempli. L'héroïne se trimballe quasiment à poil en permanence (les armures qu'elle peut équiper n'ont d'armure que le nom vu ce qu'elles couvrent), et même si on ne peut pas admirer son modèle en jouant puisque c'est une vue à la première personne, son antre (l'endroit où vous vous retrouvez entre deux niveaux) possède plusieurs éléments interactifs qui ne sont là que pour se rincer l'œil. Par exemple, si vous allez dans le bassin, vous pourrez admirer votre succube se savonner sensuellement avec des espèces de gros insectes dégueulasses, et si vous allez sur son grand trône de pierre vous pourrez l'observer contempler son domaine affalée contre le dossier avec les jambes légèrement écartées. Vous pourrez également en profiter pendant les quelques cinématiques que compte le jeu, et celui-ci intègre un mode photo qui, en revanche, ne permet que de prendre un selfie, ce qui est franchement dommage pour le coup parce que vu l'ambiance du jeu il y avait sans doute moyen de faire des captures d'écran sympas à certains endroits. Bien évidemment, le modèle de l'héroïne est personnalisable via tout un tas de paramètres (dont le plus important est bien sûr le curseur permettant de régler la taille des seins), et on débloque plusieurs modèles de cornes, de coupes de cheveux ou de peintures corporelles au fil du jeu.

En dehors de l'héroïne (ha oui, si vous êtes plutôt attirés par les mecs, navré c'est pas un jeu pour vous), le côté très sexuel déjà présent dans Agony revient avec des démons en train de baiser un peu partout en arrière plan (tellement d'ailleurs qu'on y fait rapidement plus franchement gaffe) et les ennemis sont tout aussi dénudés que notre succube. En dehors du sexe, le jeu est assez gore avec de nombreux cadavres mutilés et empalés un peu partout, les exécutions des ennemis qui font la part belle au démembrement, ou encore la possibilité de regagner de la vie en frappant des femmes enceintes avant d'arracher leur fœtus de leur ventre (meilleure idée de système pour regagner de la vie de tous les temps).

Bref, le studio n'a pas eut peur d'aller à contre courant du politiquement correct qui semble s'imposer de plus en plus un peu partout (ce qui a tendance à me gonfler). D'ailleurs, défier la bienséance semble être le mot d'ordre de Madmind studio (qui porte bien son nom je trouve) puisqu'un de leurs prochains projets est Tormentor, qui a l'air d'être un... simulateur de torture. Si pour le coup ce projet là ne m'intéresse pas du tout, je salue l'audace de vouloir proposer un truc pareil.

Donc contrat largement rempli pour le côté débridé de Succubus ? Héééééé, presque ! En effet, la communication du jeu a beaucoup insisté sur le côté sexuel (ça représentait certainement plus de la moitié de la com du jeu), et au final il n'y en a pas tant que ça. Je veux dire, l'héroïne et sexy et y'a des démons qui baisent dans tous les coins (mais comme j'ai dit, on y fait très vite plus attention), mais la communication semblait vendre pas mal de scènes de sexe avec l'héroïne (entre autres). Je pense que ceux qui ont acheté le jeu pour ça ont dû être un peu déçus, car à part une courte cinématique vers le milieu du jeu et 1 ou 2 démons avec lesquels on peut avoir une interaction sexuelle dans le jeu... ben y'a à peu près rien. Le seul truc, c'est l'antre de Vydija qui se transforme subitement et sans explication en salle de partouze une fois le dernier niveau complété.

Bon pour le coup je préfère ça, ça m'aurait gonflé d'avoir que des cinématiques de cul partout et le jeu réduit au strict minimum, mais je pense que la communication n'aurait pas dû autant insister sur ce côté sexuel, parce que ça donne une fausse image de ce qu'est le jeu: c'est avant tout un jeu d'action dans lequel on dérouille à tour de bras des gens à poil, pas un porno avec quelques moments interactifs.

Et la baston alors ?

Le principe est simple : vous avez des armes (épée, masse, bâton, dagues, trident...), des pouvoirs (boules de feu, mur de flammes...) et plein d'ennemis qui vous foncent dessus. De ce côté là ça me fait un peu penser à Serious sam : c'est pas subtil pour deux ronds, mais ça défoule. Lorsqu'un ennemi est affaibli, vous pouvez réaliser une exécution qui déclenche une animation différente selon l'arme que vous maniez et qui vous permet de regagner un peu de vie. Vous avez également un coup de pied qui permet de projeter les ennemis sur des piques, des crochets ou des tentacules qui s'occuperont de les fracasser au sol (mais c'est pas franchement évident de s'en servir, faut avouer), et une jauge de furie qui vous permet d'entrer en rage, ralentissant le temps et vous permettant d'effectuer des exécutions sans avoir à affaiblir les ennemis au préalable.

Sur le papier ça fait le taff, et dans les faits... oui, mais tout juste. Déjà, bien qu'on ai la possibilité d'esquiver, ça ne sert pratiquement à rien : les ennemis sont trop nombreux, arrivent de tous les côtés et enchaînent les attaques, donc oubliez tout de suite l'idée de faire un combat très technique où vous esquivez habilement les coups. Non non, la technique ici c'est de bouger sans arrêt pour éviter d'être encerclé (parce que sinon on meurt très vite) et de faire des exécutions autant que possible pour remonter la jauge de vie. Du coup, la plupart du temps on court à reculons en matraquant les ennemis qui sont à portée (mais pas trop pour ne pas les tuer avant de pouvoir faire une exécution). C'est encore pire sur les gros ennemis : le jeu nous dit qu'il faut esquiver leurs attaques et attendre le bon moment pour frapper, sauf qu'en pratique c'est pas vraiment faisable car les ennemis ont une grande portée et attaquent quasiment sans interruption, donc c'est franchement compliqué de trouver l'occasion d'en placer une. En plus, comme on a tendance à se déplacer à reculons pour garder l'ennemi dans le champ de vision, on se cogne très facilement aux murs ou tout autre obstacle (je rappelle que c'est une vue à la première personne). Au final, la seule méthode que j'ai trouvée pour les gros ennemis et la plupart des boss c'est de rester très loin et de les aligner avec une arme qui a une très grande portée comme l'arc ou le trident (avec un petit coup de magie de temps en temps).

Le gameplay n'évolue pour ainsi dire pas de tout le jeu (qui n'est pas très long, comptez 6-7 heures pour arriver au bout, un peu plus si vous voulez tout débloquer) si ce n'est les nouvelles armes et nouveaux pouvoirs que vous pouvez obtenir (mais ça fait pas une grosse différence). Malgré tout ça fait le travail et je ne me suis pas ennuyé non plus, mais ça reste assez basique et sans surprise.

L'équipement

Ça se joue sur deux points uniquement : les armes et l'armure. Pour les armes, vous pouvez en équiper 3 de votre choix avant de commencer un niveau. Il y a plusieurs types d'armes différents avec à chaque fois 5 ou 6 variantes de la même arme. Sur le papier ça fait beaucoup de possibilités, mais en vrai c'est bien moins que ça. En effet, les différentes versions d'une arme ne varient que sur leur niveau de puissance (et un peu l'esthétique aussi, mais bon), donc au final on se contente de débloquer directement la version la plus puissante en ignorant complètement les autres. Et même d'un type d'arme à l'autre, la différence n'est pas toujours flagrante. Grosso modo, c'est surtout le changement de portée et de vitesse d'attaque qui va se faire sentir, si bien que les armes qui ont une portée et une vitesse similaire ne vont pas beaucoup se distinguer. C'est par exemple le cas de la faux et de l'épée qui se ressemblent beaucoup dans leur utilisation, et au final prendre l'une ou l'autre est plus une question de goût et d'esthétique qu'autre chose.

Du côté des armures, outre l'aspect visuel de votre succube dans les cinématiques, le choix va déterminer plusieurs paramètres comme votre vitesse de déplacement, votre jauge de vie, de pouvoir et de furie et aussi (et c'est fort dommage) les pouvoirs que vous pourrez utiliser. En effet, vous ne choisissez pas directement vos pouvoirs, ils sont déterminés par l'armure que vous portez.

Tant que je parle des pouvoirs, la plupart me semblent franchement sans intérêt, soit parce que leur effet est bien trop limité (genre celui qui permet de ralentir 1 ou 2 ennemis alors qu'il sont une douzaine), soit parce qu'ils manquent singulièrement de puissance. Au final, il n'y a que 2 pouvoirs dans le jeu que j'ai vraiment utilisés : celui qui permet de catapulter un mec (parce que c'est rigolo et que ça fait des dégâts pas dégueux) et le mur de feu (assez efficace également). Le reste m'a semblé osciller entre l'anecdotique et le carrément inutile.

Autres bricoles

À côté de ça, il y a toujours pas mal de choses à débloquer en parcourant les niveaux : les pages d'une BD qui relate des événements antérieurs au jeu (même si c'est pas foufou, y'a plus d'histoire dans cette BD que dans tout le reste du jeu) et des éléments de personnalisation pour votre succube (cornes, coupes de cheveux...) ou pour son antre (ainsi que les nouvelles armures et modèles d'armes). C'est pas mirobolant, mais c'est toujours ça et ça peut suffire pour vous motiver à refaire un niveau dans lequel vous auriez raté quelque chose.

Sur le plan technique, c'est pas mauvais mais pas exceptionnel non plus ; Madmind reste un petit studio. La seule belle cinématique est celle qu'on voit au démarrage, les autres sont faites avec le moteur du jeu. Si l'ambiance globale du titre est bonne, on ne peut pas s'empêcher de relever des détails par-ci par là qui font un peu moyen. Je citerais par exemple les cheveux de Vydija qui font relativement pitié, le modèle de certains personnages qui se tord de façon un peu bizarre dans certaines animations, des éléments qui manquent par endroits (par exemple un démon qui est visiblement en train de se faire faire une fellation alors qu'il n'a pas de sexe), un aspect visuel qui ne correspond pas à ce qui se passe (comme le corps d'une victime qui se trouve subitement couvert de plaies alors qu'on lui a simplement collé une baffe) ou encore une certaine pauvreté sonore (certaines exécutions de boss m'ont parues bien tristounettes à cause de l'absence de musique ou de bruitage). Malgré tout, ça fait globalement le taff et l'ambiance visuelle est plutôt réussie, bien qu'elle ne change pas du début à la fin du jeu (à une exception près, tous les niveaux se ressemblent).

Au final

J'ai pas passé un mauvais moment en faisant Succubus (c'est pas exclu que je refasse un ou deux niveaux de temps en temps), mais je n'ai pas eu plus que ce que j'attendais, avec tous les défauts que j'avais anticipés suite à la démo, et si le jeu était vendu plus cher qu'une vingtaine d'euros j'aurais crié à l'arnaque. Le seul véritable intérêt du titre est son côté débridé et à contre courant de la censure actuelle qu'il assume pleinement. Pour le reste, c'est un jeu relativement moyen, qui n'a rien de honteux mais rien d'exceptionnel non plus, qui peut tout de même servir de défouloir quelques heures. Si comme moi vous êtes curieux du résultat, il sera sans doute possible de vous le procurer pour une quinzaine d'euros d'ici noël, voir pour moins de 10€ si vous attendez un peu plus (au pire, vous pouvez toujours essayer la démo avant pour vous faire une idée). En revanche, même pour 2€ je ne vous recommande pas d'essayer Agony que j'ai trouvé chiant à mourir (mourir... enfer... huhu).

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