vendredi 10 mai 2024

The planet crafter

Les jeux de survie ça n’est généralement pas trop mon truc pour une raison simple : souvent il n’y a pas d’objectif clair et défini (voire pas d’objectif tout court) ; on se retrouve largué dans un environnement quelconque et on nous dit «Fais ce que tu veux». Sauf que moi, construire des bidules et des machins, s’il n’y a pas d’autre finalité que de continuer à fabriquer des bidules et des machins, ça me lasse très vite. C’est là qu’arrive The planet crafter (ou Planet crafter tout court, ça dépend).

Le pitch du jeu est extrêmement simple : on incarne un condamné qui, au lieu de purger une peine de prison ou autre, est envoyé, seul, sur une planète inhospitalière afin de la terraformer avec le promesse que, une fois cet objectif accompli, les charges qui pèsent sur nous seront abandonnées. On a donc dès le début un objectif bien clair : rendre la planète habitable. Et ça j’aime bien, parce que au moins je sais pourquoi je vais construire des bidules et des machins.

Mais alors, comment on s’y prend pour terraformer une planète qui, à l’arrivée, fait quand même fortement penser à Mars ? Hé bien c’est très simple, on collecte les ressources qui traînent un peu partout et on construit des bidules et des machins qui vont petit à petit augmenter différents paramètres comme la température, la pression atmosphérique ou la concentration d’oxygène dans l’atmosphère. Évidemment, il ne faut pas oublier de boire, de se nourrir et de créer quelques bouteilles d’oxygène avant de partir en exploration pour trouver de nouvelles ressources. Et plus on avance dans le jeu plus on va pouvoir fabriquer des bidules et des machins performants qui vont accélérer l’augmentation des divers paramètres de terraformation.

Autant être clair tout de suite, bien que Planet crafter se présente comme un jeu de survie, la survie n’est pas quelque chose de compliqué à faire : on a largement de quoi subvenir à nos besoins, la barre de faim descend assez lentement pour qu’on ai pas besoin d’emporter de la nourriture en expédition pour peu qu’on parte le ventre plein, et une ou deux bouteilles d’oxygène et une bouteille d’eau suffisent largement, notamment grâce à une petite astuce qui permet de se ravitailler facilement en oxygène à peu près n’importe où sur la carte (je ne vous dit pas quelle astuce, mais c’est franchement pas difficile à trouver). Lorsqu’on meurt, on ne laisse qu’une partie de son inventaire sur place et il suffit d’aller le récupérer, et comme il n’y a aucun ennemi sur la carte, la seule chose qui peut nous tuer c’est l’épuisement d’une des jauges de survie (et éventuellement la chute d’un météore, mais même là on peut y survivre si on a suffisamment de santé). Sachez cependant qu’il est possible de modifier des paramètres à la création de la partie pour corser un peu tout ça, en augmentant par exemple la vitesse à laquelle les jauges de survie se vident ou encore en rendant la mort permanente.

Si Planet crafter est assez laxiste sur le côté survie, c’est parce qu’il ne mise pas tout là dessus. En vérité, j’ai même envie de dire que ce n’est pas son intérêt principal. The planet crafter se concentre sur deux choses : l’évolution et l’exploration.

Concernant l’évolution, j’en distinguerais deux : celle du personnage et celle de la planète. Concernant le personnage, sachez qu’il n’y a pas de mécanique d’expérience ou autre, la seule évolution vient des gadgets qu’on peut acquérir. Au début on est assez démunis : une réserve d’oxygène limitée, un espèce de rayon laser qui sert à tout, et basta. Mais on peut rapidement augmenter notre capacité en oxygène, puis débloquer une lampe, augmenter notre vitesse de déplacement et même avoir un jetpack pour franchir plus facilement les obstacles. Bref, c’est assez plaisant d’ajouter des nouveaux modules à notre combinaison, ça fait généralement une différence significative dans la manière d’aborder le jeu.

Mais le plus intéressant c’est bien sûr l’évolution de la planète. Parce qu’à force de construire des bidules et des machins, on finit par voir de réels changements dans l’aspect de cette dernière : ça commence par un ciel qui devient bleu, ensuite un peu de pluie et quelque flaques d’eau ici et là, et à la fin on arrive à quelque chose comme ça :

Oui, cette capture d’écran montre le même endroit que la précédente, mais à 30 heures de jeu d’intervalle. La planète qu’on a à la fin du jeu n’a pour ainsi dire plus grand chose à voir avec celle qu’elle était au début, et ça c’est quand même franchement cool.

Pour ce qui est de l’exploration, sachez qu’il ne s’agit pas d’un jeu procédural : d’une partie à l’autre, la carte sera toujours la même. Il y a cependant de nombreux lieux qui ont chacun leur personnalité et on se rend vite compte qu’il y a des épaves de vaisseaux crashés un peu partout. D’ailleurs, en lisant quelques messages qu’on va récupérer dans ces épaves, on comprend qu’il y a peu être quelque chose d’un peu étrange qui se trame sur la planète. Car oui, il y a quelques morceaux d’histoire à découvrir. Bon ça va pas très loin mais ça reste très sympa à trouver et ça donne un peu plus de relief au jeu.

Autre qualité du jeu : il est très facile à prendre en main. Globalement, à part la souris et les touches de direction, on a un bouton pour ouvrir l’inventaire, un autre pour le menu de construction... et voila. Lorsqu’on veut construire une habitation, pas besoin d’empiler des éléments un par un, on créé tout le module d’un coup et on peut même le faire léviter dans les airs sans avoir besoin de mettre un support en dessous pour éviter les irrégularité du terrain. Pas besoin non plus de creuser des galeries minières interminables, les matériaux se ramassent à même le sol, il n’y a littéralement qu’à se baisser pour en avoir. Évidemment, les matériaux plus rares ne se trouvent qu’à certains endroits, mais je ne me suis jamais retrouvé en galère pour obtenir de quoi fabriquer mes bidules et mes machins. De même, on peut mettre nos sources d’énergie où on veut sans avoir besoin d’y relier nos appareils par des câbles où autre : il suffit juste d’avoir assez de courant généré quelque part pour que ça fonctionne. Bref, Planet crafter ne se veut absolument pas contraignant afin qu’on puisse pleinement se concentrer sur l’exploration et la terraformation de la planète. Sachez au passage qu’on peut faire le jeu en coopération si vous avez envie de le découvrir avec quelqu’un.

J’ai beaucoup aimé Planet crafter, mais je vais maintenant évoquer quelques points qui ne sont pas dérangeants pour moi mais qui pourraient en rebuter certains. Déjà, d’un point de vue graphisme, c’est pas le plus beau jeu du monde. Comprenez bien : le jeu n’est pas moche, loin de là, mais on a pas des texture hyper fines et photoréalistes non plus. Pour ma part c’est très loin de me déranger : ça évite de faire chauffer la carte graphique, et surtout ça évite que le jeu soit vendu 70 balles (24€ hors réduction pour une trentaine d’heures de jeu sur une seule partie, franchement c’est très loin d’être de l’arnaque). J’ai trouvé que les graphismes étaient largement suffisants pour ce que le jeu propose, mais si vous êtes un puriste des modèles ultra fins et détaillés, vous risquez d’être un peu déçu. Il y a également quelques endroits qui manquent un peu de finition : des rochers qui n’ont pas de collision ou de façon très approximative, un bout de texture manquante ici et là... mais ça arrive surtout quand on va chercher dans les recoins où on est pas trop censés aller, donc c’est relativement compréhensible et franchement pas gênant.

Les adeptes de la survie pure et dure vont cependant sans doute trouver le jeu beaucoup trop simple à ce niveau là, mais encore une fois ça n’est pas là dessus que le jeu cherche à appuyer non plus. Enfin, ceux qui aiment construire tout et n’importe quoi et se faire la cabane de leur rêves vont probablement se sentir extrêmement limités. On est effectivement très loin d’un Minecraft où on construit tout par petits morceaux ; ici, si on veut faire un module d’habitation, on le construit par blocs entiers : en gros on construit un module d’habitation (qui a la forme d’un gros cube blanc), une porte, et voila. Bien sûr on peut assembler plusieurs blocs ensemble pour faire une base plus grande et on a quelques éléments décoratifs à dispositions, mais c’est pas les Sims non plus. Planet crafter se veut simple est accessible, ça signifie aussi restreindre les possibilités pour se concentrer sur un petit nombre d’éléments qui s’agenceront facilement entre eux. Il n’y a pas non plus moyen de remodeler le paysage : impossible de détruire les rochers, de creuser des tunnels ou de modifier l’emplacement des lacs.

Voila en gros ce que vous ne trouverez pas dans Planet crafter. Ça n’est pas un problème pour moi, mais je vous en informe afin que vous n’attendiez pas du jeu des fonctionnalités qu’il ne cherche pas à proposer.

Quoi qu’il en soit, je vous recommande The planet crafter. C’est un jeu qui sait ce qu’il a envie de faire et qui se concentre là dessus sans chercher à partir dans tous les sens pour faire plaisir à tout le monde, ce qui lui permet d’être à un prix très abordable et qui fait plaisir à voir quand les gros jeux se mettent tous à coûter 70 ou 80 boules sans raison valable. En plus, à l’heure où j’écris cet article il y a une démo gratuite sur Steam, donc vous pouvez sans problème vous faire une petite idée du jeu avant de l’acheter (sachez qu’il est disponible sur Gog si vous voulez une version sans DRM).

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