mercredi 20 septembre 2017

Earthdawn - 4ième partie

Suite de l'aventure d'Earthdawn qui est, je le rappelle, la transcription d'une partie de Jdr.

Le Triumvirat 

Une fois le vaisseau reparti, je suis allé trouver Freeks pour lui demander s’il avait trouvé quelque chose d’intéressant dans le mausolée. Il me répondit qu’il y avait trouvé une elfe en train de danser, probablement pour effectuer un rituel magique puisque cela avait eu pour effet de le plonger dans l’inconscience. A son réveil, l’elfe n’était plus là. En explorant rapidement, il avait vu que l’un des sarcophages était ouvert, comme si quelque chose en était sorti. Pour le coup, je regrettai de ne pas avoir été avec lui car il semblait que de la nécromancie y était à l’oeuvre.

Le retour vers la cité (vivante) des elfes ne dura que quelques heures. Rudolf dû rester loin de la cité à cause de son tauruk, mais il observa tout à travers les yeux de son renard qui continuait d’accompagner Freeks.
La cité des elfes est entièrement bâtie dans les énormes arbres de la forêt, leurs pouvoirs ayant modelé les branches pour former des chemins et des plateformes reliant les différents bâtiments. La cité est très belle, mais il ne faut pas avoir le vertige.

A notre arrivée, nous fûmes accueillis par Asha, l’un des membres du triumvirat, qui nous félicita d’avoir ramené le Coeur de la terre avec nous. Lorsqu’elle vit Nuada, elle l’informa qu’il faudrait recourir à un rituel pour extraire le noyau d’énergie de son corps. Ce rituel allait demander plusieurs heures de préparation, ce qu’elle pourrait faire pendant le procès d’Elinthar. Je fus un peu surpris d’apprendre que ce dernier allait être jugé par ses pairs, me demandant quel crime il avait commis. On m’expliqua que c’était pour avoir violé l’interdiction de poser le pied sur le sol de la cité abandonnée, quand bien même il s’agissait d’un accident.

Chacun vaqua à ses occupations en attendant le début du procès qui n’allait pas tarder à commencer et qui serait présidé par Ansem, un autre membre du triumvirat. Pour ma part, je restai à bord du vaisseau afin d’observer la préparation du fameux rituel visant à extraire le Coeur de la terre du corps de Nuada. Je n’ai jamais été très adepte des procès, surtout publics, et même si j’avais une certaine sympathie pour Elinthar, dans le fond je ne savais rien de lui ni des traditions de son peuple, si bien que je ne pensais pas lui être d’une grande aide. L’elfe vint cependant me trouver juste avant le début du procès. Puisque nous étions toujours incapables de nous comprendre, il me fit simplement signe de le suivre à l’écart, ce que je fis. Une fois hors de vue, il sortit une amulette de l’intérieur de sa tunique et me la tendit. Je contemplai l’objet quelques instants, me demandant ce que j’étais censé en faire. Finalement je pris le pendentif et fit mine de le mettre autour de mon cou. Elinthar me fit comprendre par gestes que je devais simplement le garder dans une de mes poches. Je rangeai donc l’objet sur moi et Elinthar me fit un signe de tête avant de s’en aller.
Je retournai donc sur le pont du vaisseau, me disant que je pourrais toujours essayer de comprendre ce qu’était cette amulette une fois le procès terminé. En revenant sur le navire, j’entendis Hector et Alka’ parler des réserves d’énergies du bateau qui avaient été sérieusement entamées par le vol stationnaire de plusieurs jours au dessus de l’ancienne cité. Je les laissai régler les problèmes logistiques et me rapprocha d’Asha et de Nuada. Ce dernier était allongé sur une table et vêtu d’un simple pagne, tandis que l’elfe Shosara enduisait son corps de divers onguents et décoctions et lui faisait boire plusieurs potions. Un simple regard astral me permit de voir que ces préparations étaient étonnamment complexes, impliquant une dose de magie. J’en discutai avec Asha qui, heureusement, parlait le nain. Elle me confirma mon analyse, m’expliquant qu’il s’agissait du résultat de plusieurs mélanges alchimiques avec des enchantements de sorcellerie et d’élémentalisme. Elle se retourna ensuite vers Nuada pour lui faire boire une dernière potion, lui indiquant qu’il allait très certainement perdre connaissance pour ne se réveiller qu’après le rituel. L’elfe bu et ne tarda effectivement pas à sombrer dans l’inconscience tandis qu’Asha terminait les préparatifs.

Le procès s’est terminé au milieu de la nuit. Alors qu’Asha appliquait les derniers onguents, j’ai vu Elinthar arriver sur le navire, accompagné par les membres de notre groupe qui avaient assisté au procès ainsi que quelques gardes elfes qui repartirent une fois tout le monde à bord. Je vais vous résumer ce qu’on m’a raconté du procès. Il était présidé par Ansem, membre du triumvirat, qui, après avoir énoncé les faits reprochés à Elinthar, a suggéré d’appliquer sans tarder la peine prévue : la mort. Omario, le tsrang, n’en entendait pas de cette oreille et a pris la défense de notre compagnon devant l’assemblée. Après son argumentaire, Ansem a décidé que l’issue du procès serait déterminée par un duel entre Omario et une championne elfe. Les deux se sont affrontés vaillamment et notre compère reptilien en est sorti vainqueur. Ansem a alors consentit de mauvaise grâce à laisser la vie sauve à Elinthar en le condamnant malgré tout à l’exil ; plus précisément : à partir avec nous dès le lendemain.
Que pensait le principal intéressé du jugement rendu ? Je l’ignore encore aujourd’hui ; c’est toujours difficile de savoir ce que pense un elfe quand il s’agit d’autre chose que du mépris. J’imagine qu’il était soulagé d’être encore de ce monde, mais j’ignore comment il a pris son exil forcé. Avait-t-il une famille qu’il était ainsi contraint de laisser derrière lui ? Je ne savais pas, et je ne pouvais même pas lui poser directement la question.
Concernant le duel avec la championne, j’ai entendu murmurer que celle-ci aurait pu être empoisonnée ou droguée avant le combat car même Elinthar semblait étonné de son apparent manque de vigueur. Cependant, droguée ou non, il semble que le combat ait été intense, et ayant pu constater auparavant les talents d’escrimeur du tsrang je suis enclin à penser que la championne elfe restait un adversaire à ne pas sous-estimer.
Notre départ était donc prévu pour le lendemain juste après le rituel, et Elinthar allait faire partie du voyage. Quelque part ça me faisait un point commun avec lui : je n’étais pas le seul à me retrouver embarqué dans cette aventure de manière plus ou moins forcée. L’elfe revint d’ailleurs me trouver pour me réclamer l’amulette qu’il m’avait confiée avant l’audience. Je voulu l’interroger pour savoir ce qu’elle était et représentait, mais tous les autres étaient déjà partis se coucher et il n’y avait personne pour servir d’interprète. Je me contentai donc de lui rendre l’objet qu’il reprit en me remerciant d’un signe de tête.

Le rituel d’extraction était prévu à l’aube. Nous fûmes conduits sur une plateforme circulaire au centre de laquelle était disposé Nuada, toujours inconscient. Asha se trouvait près de lui et quelques gardes elfes se tenaient en bordure. Dès que les premiers rayons du soleil éclairèrent la plateforme, Asha commença son incantation. Le corps de Nuada s’éleva de plusieurs mètres dans les airs, se mis à briller et on vit le Coeur de la terre commencer à en sortir, comme s’il suintait par les pores de sa peau.
Alors que le noyau d’énergie se formait peu à peu, nous vîmes Ansem arriver, accompagné de trois gardes. Il dit quelque chose aux gardes présents et trois d’entre eux quittèrent la plateforme, le dernier se contentant de répondre quelque chose en elfique. Elinthar interpella ceux qui partaient, ce qui provoqua un bref débat entre les trois gardes. Finalement, l’un des trois resta et les deux autres s’en allèrent.
Je reportai mon attention sur le rituel : le noyau d’énergie flottait désormais dans les airs, et Nuada redescendait lentement vers la plateforme. Alors qu’il atteignait le sol, le me rendis compte qu’Ansem se trouvait juste derrière Asha, toujours concentrée. Plusieurs choses se produisirent alors en même temps. Ansem commença une incantation que je reconnus comme étant du domaine de la nécromancie, même s’il s’agissait d’un sort que je ne connaissais pas. Avant que je puisse prévenir mes compagnons, l’elfe sortit une dague et poignarda Asha dans le dos. D’énormes ronces se dressèrent alors tout autour de la plateforme. Nul besoin d’être mage pour deviner qu’elles n’avaient rien de naturel : ces ronces avaient la couleur du sang et gouttaient d’un liquide écarlate. Au même moment, un flash lumineux émana du centre de la zone, révélant deux individus : un orque et un nain. L’orque était vêtu d’une armure de cuir noir et avait la peau grise et des yeux oranges qui ressortaient beaucoup sur sa personne très sombre. Le nain, quant à lui, avait les cheveux d’un roux flamboyant et une belle cotte de maille. Tout deux possédaient un marteau de guerre qui semblait identique.
Un bref moment de stupeur accompagna l’apparition des deux énergumènes. Ces deux derniers jetèrent un œil à la ronde tandis que tout le monde les fixait, puis ils se mirent à se chamailler.

Tout le monde sembla retrouver ses esprits à ce moment là. Ansem, tenant le corps d’Asha d’une main, une dague ensanglantée de l’autre et encadré par les trois gardes qui l’accompagnaient, parla d’une voix qui couvrit la dispute des deux derniers arrivants :
-Si certains d’entre vous veulent partir, c’est maintenant ou jamais… dit-il d’un ton menaçant.
Alors que la plupart d’entre nous s’apprêtaient à tirer les armes et que je commençais à tisser un sort, l’un des deux gardes elfes présents au début de la cérémonie se plaça devant nous.
-Partez ! lança-t-il. Vous n’êtes pas de taille. Allez-vous en !
Il tira ses armes et fit face à Ansem. Je remarquais que son comparse, celui qui était resté après qu’Elinthar l’eut interpellé, avait mis un genou à terre en signe de soumission.
Elinthar, justement, semblait d’avis de partir et nous poussait vers la sortie. Nous récupérâmes le corps de Nuada et nous dirigeâmes vers le vaisseau, suivis par le nain et l’orque. Ces deux derniers ne savaient pas où ils étaient, mais ils avaient bien compris que la situation sentait le vinaigre.
Alors que nous quittions la plateforme, je jetais un regard en arrière. Le garde qui s’était opposé à Ansem était soulevé dans les airs par une ronce sanglante entortillée autour de son cou et se débattait de plus en plus faiblement. Ansem était apparemment en train de chercher quelque chose sur le corps d’Asha, mais au vu de son expression il ne trouvait pas ce qu’il voulait.
Ansem semblait être un puissant nécromant. J’aurais sans doute pu apprendre beaucoup de choses de lui mais il ne m’inspirait absolument aucune sympathie, ni par sa personne ni par ses actes. De plus, je n’avais pas l’intention de me retrouver pris dans un coup d’état et les problèmes politiques des elfes pour lesquels je ne me sentais que très peu concerné.

Une fois sur le bateau, nous criâmes à Alka’ de mettre les voiles sans tarder. Celle-ci grogna quelque chose à propos du feu élémentaire qui risquait de manquer avant d’ordonner de préparer le départ. Ceci fait, elle fit remarquer qu’il manquait Bertha, le troisième membre de l’équipage avec Alka’ et Grimsha. Omario partit voir dans la cabine de cette dernière et revint quelques instants plus tard.
-Elle est là, Bertha, dit-il en pointant du doigt par-dessus son épaule.
Sauf que derrière lui se tenait un second Omario, identique en tout point au premier.
-Qu’est-ce que… fit Omario numéro un en se retournant et en découvrant son double.
Bien évidemment, les deux versions du tsrang se défièrent du regard et commencèrent chacune à affirmer qu’elles étaient le seul et unique Omario. A première vue, impossible de les différencier… sauf en vision astrale. En utilisant ma vision magique, je pus voir très clairement que l’un d’entre eux était en réalité un amas de tendons, d’os, de chair et de muscles qui ne cessaient de se tortiller. Je pointais donc l’imposteur du doigt et Nuada, qui avait repris ses esprits et devait posséder lui aussi une autre forme de perception, fit de même.
Le faux Omario, se sachant démasqué, se jeta soudainement sur l’elfe en poussant un hurlement et en faisant jaillir des griffes au bout de ses doigts. Je pourrais vous faire le récit du combat qui s’en suivit, mais il n’y a en vérité pas grand-chose à en dire. La créature était seule contre tous et elle ne survécu pas longtemps à l’avalanche de coups et de sorts qui s’abattit sur elle. La silhouette d’Omario disparu au profit de l’amas de chair que j’avais perçu en vision astrale, et tandis qu’elle agonisait la créature tenta vainement de prendre la forme de tous ceux qui l’entouraient. Finalement, son corps fut jeté hors du navire et alla s’écraser sur le sol de la forêt.

Les manœuvres de départ reprient sur le navire, l’un d’entre nous remplaçant la défunte Bertha. J’en profitai pour interroger brièvement l’orc et le nain fraîchement débarqués dans cette histoire. Ils se présentèrent comme étant Grims (l’orque) et Turalyon (le nain), des explorateurs occupés à chercher des matériaux précieux dans une grotte jusqu’à ce qu’ils se retrouvent soudainement ici sans savoir pourquoi. D’après eux, cette grotte se trouvait en Terra, pourtant assez éloignée d’ici.
Notre conversation fut interrompue par le mouvement du navire qui décollait enfin. Alors que nous quittions la plateforme d’amarrage, nous vîmes les ronces sanglantes s’étirer depuis les arbres et tenter d’agripper la coque du vaisseau. Elle ne parvinrent cependant pas à s’y accrocher et le navire commença à s’éloigner de la cité.
Nous nous regroupâmes autour d’Elinthar afin de l’interroger sur cette histoire. Il nous apprit que le collier qu’il détenait (celui qu’il m’avait confié le temps du procès) appartenait à Asha. Chacun des membres du triumvirat en possédait un identique, et une fois réunis les trois colliers forment un puissant artefact magique. Avant le procès, Ansem avait demandé à Elinthar de voler celui d’Asha en échange d’une remise de peine. L’elfe, loyal, en avait parlé à Asha et cette dernière avait alors soupçonné Ansem d’être responsable de la disparition du troisième membre de leur conseil (j’ignorais jusqu’à ce moment qu’un des membres du triumvirat avait déjà disparu). Par précaution, elle avait confié son collier à Elinthar afin de l’éloigner de la cité et donc d’Ansem.
Examinant l’amulette avec ma vision astrale, je fus surpris de constater que celle-ci possédait une architrame (que seuls possèdent normalement les êtres vivants), mais aussi deux liens se dirigeant vers deux objets se trouvant à la cité des elfes que nous venions de quitter. Ces liens puissants pouvaient sans nul doute permettre de lancer des sorts à distance par leur biais et pouvaient permettre à Ansem de nous localiser tant que nous restions trop près. Heureusement, le vaisseau s’éloignait rapidement des terres Shosara et il ne fallut pas longtemps pour que nous soyons hors de portée.

Ne risquant plus de se faire flécher à vue, Rudolf se rapprocha sur le dos de son tauruk et se laissa glisser sur le pont du navire pour nous rejoindre. Alka’ vint ensuite nous trouver pour nous dire que le vaisseau manquait de puissance pour atteindre le royaume de Throal et que nous allions devoir nous laisser dériver. Trois options s’offraient à nous : nous diriger vers Iopos (la cité des mages) ou bien vers Port-aux-ruines ou essayer de franchir le Bois de sang qui se trouve entre les deux. Presque personne n’était favorable à cette dernière proposition. Pour ma part je votai pour la cité des mages, de même que Freeks et Hector, mais c’est Port-aux-ruines qui emporta le suffrage. Le vaisseau mit donc cap vers le sud-est et commença à dériver.
Pendant les deux ou trois jours qui suivirent, le vaisseau perdit petit à petit de l’altitude. Je profitai de ce temps là pour interroger Rudolf qui semblait bien connaître les créatures du monde. Je lui montrai mon grimoire et mon glaive en lui demandant s’il savait de quelle créature provenaient le cuir et l’os que j’avais utilisés. Après les avoir examinés un moment, il m’informa qu’ils provenaient certainement d’un drake, un être créé par des dragons qui pouvait prendre aussi bien une forme draconique qu’une forme humanoïde standard. Je savais donc enfin quelle était cette créature imprégnée de magie. Rudolf ne pouvait pas me dire grand-chose de plus à propos des drake, si ce n’est que ces derniers étaient généralement des êtres intelligents et avaient un nom comme vous et moi. Du coup, je me demandai quel était le nom de celui dont je m’étais servi pour fabriquer mes artefacts.

Après avoir dérivé pendant trois jours, nous arrivâmes en vue de Port-aux-ruines. Il s’agissait d’une cité construite à la hâte par tous les aventuriers et chasseurs de trésors qui s’étaient rassemblés là afin d’explorer les ruines de Parlainthe qui se trouvaient juste à côté. De ce que j’en savais, Parlainthe était une cité Terranienne qui avait tenté d’échapper aux Horreurs en se réfugiant dans l’oubli. Les mages de la cité avaient lancé un puissant sort destiné à faire oublier à tous l’existence de la ville. Le sort n’avait marché qu’en partie : tout le monde avait oublié l’existence de la cité comme prévu… sauf les Horreurs, qui étaient la cible principale. La cité avait donc été dévastée dans l’indifférence générale et celle-ci n’était réapparue que depuis une dizaine d’années, lorsque le sort d’oubli s’était finalement dissipé. Les aventuriers de tous poils s’étaient alors rués vers l’immense cité ravagée, espérant y trouver d’ancien trésors, mais il paraît que des Horreurs vivent encore cachées dans les ruines de la ville.
C’est donc là qu’Alka’ réussit à poser le vaisseau sans trop de dommages alors que ce dernier perdait de plus en plus d’altitude. Il fallait maintenant trouver de quoi alimenter le navire, ou bien un autre moyen de regagner Throal.

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