lundi 16 juillet 2018

7 wonders

Retour dans les jeux de société avec un de mes préférés. Beaucoup d'entre vous le connaissent sans doute déjà, mais j'en parle tout de même afin de le recommander à ceux qui seraient passés à côté : 7 wonders.


Le principe de base

7 wonders est un jeu de gestion. Chaque joueur reçoit au hasard une merveille (jardins suspendus de Babylone, pyramide de Gizeh, colosse de Rhodes, etc...) qui produit une des ressources du jeu et qu'il pourra bâtir pour gagner des bonus (j'y reviendrai). Le jeu est découpé en trois phases (appelées âges), elles-mêmes découpées en plusieurs tours. À chaque tour, les joueurs doivent choisir un bâtiment à construire parmi les cartes qu'ils ont en main, le construisent, puis passent leur paquet de carte au voisin. Le processus est répété jusqu'à épuiser les cartes. À ce moment là, l'âge se termine par la résolution des conflits militaires, octroyant des points à ceux qui ont la plus grosse force armée. Commence ensuite le deuxième âge sur le même modèle que le premier, et enfin de troisième âge. À l'issue de cette dernière phase, les joueurs comptent les points qu'ils ont accumulé en construisant leurs bâtiments, et celui qui a le plus de points gagne.

Les bâtiments sont répartis en plusieurs catégories selon leur utilité. Les bâtiments bruns et gris produisent les ressources nécessaires à la construction, les bleus apportent un nombre de points fixe, les jaunes permettent de gagner ou d'économiser de l'argent, les rouges augmentent la puissance militaire et les verts permettent eux aussi de gagner des points en réalisant des combinaisons avec les symboles imprimés sur ces cartes.

En plus d'être produites, les ressources dont vous avez besoin pour construire vos bâtiments peuvent être achetées à vos voisins directs (ils ne peuvent pas vous refuser la vente, mais cela ne les handicape pas pour construire leurs propres bâtiments).

Et avec un peu plus de détails

Présenté ainsi le jeu a l'air très basique (je choisis un bâtiment, je l'ajoute à ma cité et je recommence), mais en fait il y a pas mal de subtilités dont je vais essayer de vous donner un aperçu. 

Tout d'abord, chaque merveille n'offre pas les mêmes avantages lorsqu'on la construit. La construction d'une merveille se fait en plusieurs étapes (3 le plus souvent, parfois 2 ou 4), chaque étape apportant un bonus. Si la pyramide de Gizeh ne fait que donner un bon nombre de points, le phare d'Alexandrie vous fera gagner plus de ressources pour construire d'autres bâtiments, le mausolée d’Halicarnasse vous permettra de jouer gratuitement des bâtiments défaussés, tandis que le colosse de Rhode vous donnera un bonus militaire. Bref, chaque merveille a sa petite spécificité dont vous pourrez tirer parti (ou non).

Au lieu de payer le coût en ressources pour construire un bâtiment, vous pouvez le faire par chaînage. De nombreux bâtiments du jeu peuvent être construits gratuitement si jamais vous possédez déjà un bâtiment spécifique. En vous débrouillant bien, vous pouvez ainsi construire des bâtiments presque sans utiliser de ressources (j'ai récemment gagné une partie dans laquelle je n'ai pas construit un seul générateur de ressource). Bien entendu, vous avez tout intérêt à ne pas laisser les autres joueurs profiter des chaînage. Vous pouvez également choisir de ne pas produire de ressources vous même mais d'acheter ce dont vous avez besoin à vos voisins. Vous préférerez alors construire des bâtiments jaunes qui vous permettront de gagner de l'argent mais aussi de réduire le coût d'achat des ressources.

Si vous décidez de vous lancer dans le développement de votre puissance militaire, il faut faire attention à bien la doser. Tout d'abord, les victoires militaires ne peuvent vous rapporter qu'un nombre bien déterminé de points (18 au maximum), ce qui n'est pas suffisant pour remporter une partie mais peut faire la différence pour prendre la tête du classement. Il faut donc s'y investir mais ne pas tout miser là dessus. Ce qui compte, c'est d'avoir une puissance militaire supérieure à celle de vos voisins, mais il ne sert à rien de la surpasser de loin : cela ne vous rapportera pas de points supplémentaires tout en vous privant de la construction d'autres bâtiments qui, eux, auraient pu vous en rapporter. L'effort de guerre nécessite donc d'être bien dosé pour être efficace.

Le troisième âge voit également l'apparition de bâtiments particuliers : les guildes. Symbolisés par la couleur violette, ces bâtiments vont vous rapporter des points en fonction des autres cartes jouées. Par exemple, l'une des guildes vous donne 1 point pour chaque bâtiment bleu construit chez vos voisins. Si ces derniers ont massivement investi sur ce type de constructions, il est très intéressant pour vous de posséder cette guilde.

La construction des bâtiments verts (les bâtiments scientifiques) demande également de se creuser un peu la tête. Chacun de ces bâtiments possède un symbole parmi trois différents. Le comptage des points se fait de la façon suivante : à la fin du jeu, vous comptez le nombre de symboles chaque type que vous avez, et vous le mettez au carré (si vous avez 3 symboles de compas et 2 de roue, vous gagnez 3×3+2×2=13 points). Ajoutez à cela 7 points par combinaison de 3 symboles différents, et vous comprendrez que le score peut grimper très rapidement si vous parvenez à cumuler les bâtiments scientifiques. En revanche, ne posséder qu'un ou deux bâtiments verts ne vous rapportera quasiment rien.

Enfin, il faut garder à l'esprit que les cartes que vous avez en main seront celles de votre voisin au tour suivant (puisqu'à chaque fois vous faites circuler le paquet après avoir choisi un bâtiment). Si aucune des cartes du paquet ne vous intéresse (ou que vous n'avez pas les ressources pour les construire), vous pouvez défausser un bâtiment qui aurait intéressé un autre joueur (tous les bâtiments construits sont visibles par tout le monde).

C'est un bon jeu alors ?

Comme je vous l'ai dit dans l'introduction, c'est un de mes préférés pour plusieurs raisons. Tout d'abord, c'est un jeu qui peut se jouer de 3 à 7 personnes (8 avec l'extension Cities), ce qui n'est pas forcément courant. Il est même possible d'y jouer à 2 grâce à une variante incluse dans le jeu de base, mais dans ce cas je vous recommanderais plutôt la version duel du jeu (je vais en parler un peu plus bas).

Ensuite, c'est un jeu sans temps mort. Ce que je veux dire par là, c'est que très souvent les joueurs jouent à tour de rôle : pendant que l'un d'eux agit, les autres attendent. Ici ce n'est pas le cas : chaque joueur a un paquet de carte en main et tout le monde choisit et construit son bâtiment en même temps.

Les parties sont assez rapides (comptez 30 minutes environ) ce qui permet d'y jouer même si on a pas une grosse fenêtre de temps.

Il y a de nombreuses façons de gagner. Vous pouvez profiter des bonus de votre merveille ou non, développer votre puissance militaire ou non, favoriser un type de cartes, faire un mélange d'un peu tout, accumuler les ressources ou bien compter sur les chaînages pour construire vos bâtiments... Vous pouvez faire de nombreuses parties sans développer votre cité de la même manière. De plus, chaque merveille possède deux faces distinctes avec des bonus différents, ce qui peut également changer votre façon d'aborder le jeu selon la face que vous allez jouer.

Il faut tout de même souligner quelques petits défauts. Le premier est le temps d'apprentissage. Vu le nombre de choses à assimiler (la construction des merveilles, les différents types de cartes, la production de ressources, la signification des différents symboles sur les cartes, les chaînages, etc...), le jeu prend un peu de temps à expliquer à un novice, et il lui faudra sans doute faire une ou deux parties avant de bien cerner le déroulement du jeu et les différentes possibilités. L'autre points négatif peut être le temps de préparation et de rangement. S'il est assez raisonnable avec le jeu de base, il augmente considérablement lorsqu'on y ajoute les extensions car il faut alors trier toutes les cartes avant de les ranger.

Ces deux petits défauts sont cependant loin de compenser les nombreux avantages. Si vous ne connaissez pas 7 wonders, je vous le recommande fortement. C'est un jeu qui peut convenir à tout le monde, où tout le monde joue en même temps et qui peut se jouer à 3 aussi bien qu'à 7 (ou 8).

Et les extensions ? Tu as parlé d'extensions !

À ma connaissance, 7 wonders possède actuellement 3 extensions : Cities, Babel et Leaders. Je ne parlerai pas de Babel puisque je ne l'ai jamais expérimentée, mais je peux vous dire quelques mots sur les deux autres.

Leaders, tout d'abord, rajoute un tout nouveau type de cartes : les personnages. Avant de commencer le jeu, chaque joueur va sélectionner 4 personnages, chacun apportant un bonus différent. Vous pourrez jouer un de ces personnages au début de chaque âge pour profiter de ses avantages. Cela peut fortement influencer votre choix de bâtiments ensuite : si vous avez un personnage qui rapporte des points en fonction du nombre de bâtiments bleus que vous possédez, vous aurez plutôt tendance à choisir ces cartes là. Bref, cela ajoute un nouveau degré de stratégie, et sélectionner des personnages qui se complètent bien les uns des autres peut donner un gros avantage. L'extension ajoute aussi une nouvelle merveille, le Colisée de Rome, qui est la première merveille à ne pas produire de ressource mais qui réduit le coût pour jouer les personnages.

Cities est un peu plus basique dans son approche, puisqu'elle ajoute simplement de nouveaux bâtiments à chaque âge. Ces bâtiments sont de couleur noire (sauf les nouvelles guildes qui restent violettes) et apportent de nouveaux type de bonus. Par exemple, certains de ces bâtiments peuvent faire perdre de l'argent aux autres joueurs, ou bien encore vous octroyer un jeton de diplomatie qui vous permet de ne pas participer aux conflits militaires à la fin de l'âge. Au lieu d'apporter de nouvelles cartes vertes, certaines cartes noires vous permettent de copier les symboles scientifiques de vos voisins. L'extension apporte elle aussi deux nouvelles merveilles, ainsi que quelques personnages supplémentaires (que vous ne pourrez utiliser que si vous jouer également avec l'extension Leaders). Enfin, cet ajout de bâtiments permet d'augmenter le nombre maximum de joueurs à 8.

L'ajout des extensions accroît encore les possibilités de victoire, au détriment d'un temps de préparation et de rangement plus long.

La version duel

7 wonders duel n'est pas une extension mais bien un jeu à part (qui possède, d'ailleurs, sa propre extension). Comme son nom l'indique, elle est spécialement prévue pour jouer à deux, et si le principe de base demeure le même, il y a de nombreuses différences avec le jeu d'origine.

Tout d'abord, chaque joueur dispose de 4 merveilles au lieu d'une seule (mais seulement 7 en tout pourront être construites !). Ensuite, les bâtiments sont disposés en plusieurs lignes devant les deux joueurs, chaque ligne recouvrant partiellement la précédente (et une ligne sur deux ayant les cartes face cachée). Les deux joueurs ont donc la même vue des bâtiments disponibles et en choisissent un à tour de rôle, sachant qu'il n'est pas possible de prendre un bâtiment qui est partiellement recouvert par une autre carte. Cela apporte donc un autre degré de stratégie, puisqu'il faut faire attention, en choisissant un bâtiment, de ne pas ouvrir l'accès à un autre qui serait très intéressant pour l'adversaire.

La façon de présenter les cartes est donc totalement différente, mais il n'y a pas que ça. Dans le jeu de base, peu importe la façon dont vous vous y prenez, le seul but est d'accumuler le maximum de points. Ici, avoir le plus gros score n'est qu'une des trois façons de gagner. Développer votre puissance militaire fera progresser un pion le long d'un axe, et s'il atteint la cité adverse vous gagnez instantanément. Il n'est donc pas possible d'ignorer totalement l'aspect militaire comme dans le jeu de base sous peine de subir une défaite rapide et cuisante. De même, les bâtiments scientifiques (les verts) ne vous rapportent pas (ou peu) de points, mais si vous parvenez à collectionner 6 symboles différents (parmi 7), vous remportez la victoire. Si vous voyez que votre adversaire possède déjà 5 symboles, vous avez tout intérêt à bien choisir vos bâtiments pour l'empêcher de prendre ce dernier symbole qui lui manque.

7 wonders duel offre donc une approche assez différente du jeu de base, et même si cette version est plus agréable à deux joueurs que la variante proposée dans le jeu original, je ne peux m'empêcher de lui trouver quelques défauts gênants. Le premier et principal d'entre eux est, selon moi, le déséquilibre des merveilles. Plusieurs d'entre elles permettent de jouer une fois de plus lorsqu'on les construit, et je trouve ça très fort. En effet, cela vous permet de vous débarrasser d'une carte qui aurait intéressé votre adversaire (que vous utilisez pour construire votre merveille), puis de construire un bâtiment qui vous intéresse avant que l'autre ne puisse réagir. Lors des premières parties auxquelles j'ai joué avec ma compagne, nous nous jetions chacun sur les merveilles permettant de jouer un nouveau tour avant de seulement nous intéresser aux autres, ce qui faisait que certaines merveilles étaient jouées systématiquement tandis que d'autres ne l'étaient presque jamais. Nous avons fini par décider de n'autoriser qu'une seule merveille permettant de rejouer pour chacun.

L'autre problème que je trouve à cette version duel est le hasard. Le tirage des cartes plus le fait que la moitié d'entre elles sont face cachée font que, parfois, un même joueur va avoir accès à toutes les ressources au début du jeu et pourra construire tout ce qu'il veut par la suite tandis que l'autre sera condamné à défausser sans arrêt des cartes pour gagner de l'argent et pouvoir payer quelques constructions. Nous avons déjà joué des parties où la victoire était acquise dès le deuxième âge tellement l'autre joueur ne pouvait rien faire par manque de chance sur la disposition des ressources. Certes, c'est aussi quelque chose qui peut arriver dans le jeu de base, mais c'est tout de même assez rare par rapport à cette version duel.

Et l'extension de la version spéciale deux joueurs ?

Nommée Panthéon, cette extension ajoute les dieux de la mythologie à tout le reste. En un sens, elle ressemble pas mal à l'extension Leaders du jeu original, puisqu'elle ajoute la sélection de personnages (des dieux, en l'occurrence) à qui vous pourrez ensuite faire appel pour profiter des bonus qu'ils octroient. La différence est qu'ici vous pouvez faire appel à n'importe quel dieu, y compris ceux choisis par votre adversaire (mais ça vous coûtera plus cher). Je n'ai pas grand chose à dire sur cette extension : elle apporte un degré supplémentaire de stratégie bienvenu, même si je trouve qu'elle prend quand même beaucoup de place sur la table (les cartes des divinités sont inutilement grandes). Elle remplace également les guildes du troisième âge par des temples qui ont tous le même fonctionnement, ce que je trouve un peu dommage (il aurait été préférable que ça vienne en complément).

La conclusion qui conclut

7 wonders est pour moi un excellent jeu, mais je pense que vous l'avez compris. Il est très fluide à jouer une fois que tout le monde a compris son fonctionnement, personne ne s'ennuie puisque tous les joueurs jouent en même temps, il s'adapte à un nombre de joueurs assez variable et il y a de nombreuses façons de développer votre cité pour gagner, surtout si vous y ajoutez les extensions. Si vous ne comptez jouer qu'à deux, vous pouvez utiliser la version duel qui, même si elle possède quelques défauts, reste mieux adaptée pour deux joueurs que la variante proposée par le jeu de base.

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