vendredi 12 octobre 2018

La roche des âges (Les royaumes démoniaques)

Je vais vous parler aujourd'hui d'un livre qui est sorti très récemment (septembre 2018) : le premier tome des Royaumes démoniaques, intitulé La roche des âge, par Christopher Evrard. Cet article est un peu particulier pour deux raisons. Tout d'abord, il s'agit du premier roman de l'auteur qu'il a rendu disponible sur Amazon en auto-édition (version papier et e-book). D'autre part, j'ai été contacté directement par l'auteur au début du mois d'août (avant la sortie du livre, donc) qui m'a proposé de me fournir le récit en avance afin que je puisse en faire un article, ce que j'ai accepté (même si au final l'article sort un peu après l'ouvrage). Et pour éviter toute polémique, je vais tout de suite préciser les choses : il ne m'a pas demandé de ne dire que du bien de son livre. Tout ce qu'il voulait, c'était que j'en parle comme je le fais pour n'importe quel autre livre afin de lui donner un peu de visibilité. Vu que c'est assez difficile de percer dans la littérature, surtout en auto-édition, je me suis dit que ça ne pouvait pas faire de mal de lui donner un petit coup de pouce pour l'encourager. Sachez donc que je n'ai pas écrit cet article pour dire exclusivement du bien du roman : je vais donner mon avis et ressenti (en bien ou en mal) comme je le fais pour n'importe quelle autre saga, même s'il ne s'agit ici que du premier tome de la série.
Commençons comme d'habitude par un bref résumé de l'intrigue. Ciwen, un puissant mage renégat, est à la recherche de la Roche des âges, un artefact ancien qui recélerait un immense pouvoir. Il va pour cela devoir entrer dans le château de Kaevir où la Roche serait cachée. Il va rapidement rencontrer Olivia, une ondine qui est elle-même à la recherche de l'artefact pour aider son peuple.

Concernant l'histoire, elle a au moins le mérite d'avancer sans trop perdre de temps. Même si l'action ralentit après les premiers chapitres (qui commencent de manière assez pêchue), l'auteur ne perd pas de temps en de longues descriptions, préférant se concentrer sur les dialogues et l'avancement de l'intrigue. On ne nous présente de l'univers que ce qui est nécessaire pour comprendre l'histoire et se faire une idée générale de l'environnement et du contexte. Le récit se concentre également sur un petit nombre de personnages, principalement Ciwen et Olivia qui sont les deux protagonistes. Si on suit également quelques autres personnages plus tard dans le récit, leur nombre est suffisamment restreint pour qu'on ne soit pas perdu et qu'on ait pas à se demander à chaque fois qui est ce personnage et ce qu'il est en train de faire. Globalement, l'histoire est assez simple à suivre, ce que je trouve plutôt agréable.

J'ai tout de même quelques reproches à faire à l'intrigue, notamment certains éléments que je trouve un peu grossiers. Je vais citer un exemple qui se trouve au début du récit : lorsque Ciwen se rend dans le château (en massacrant les gardes à tour de bras), il finit par se retrouver devant le conseil des mages (qui ne le portent pas dans leurs cœurs). Et plutôt que d'essayer de l'arrêter (même si Ciwen est puissant, il est devant le conseil des mages, qui est donc sans doute rempli de mages), ils se contentent de parler avec et le laissent partir alors qu'il vient de ravager la moitié du château. C'est un exemple parmi quelques autres, qui sont cependant presque tous contenus dans les premiers chapitres. J'ai trouvé que, globalement, le récit s'améliorait au fil des pages, ce qui n'est pas forcément surprenant pour un premier roman.

Concernant l'univers, je n'ai rien de spécial à en dire, on y retrouve les classiques elfes, nains, démons et j'en passe. Rien de très novateur de ce côté (du moins dans les grandes lignes), même si j'ai apprécié l'intégration du peuple ondin, qui sont des sortes «d'humains des rivières», dans le sens où leur corps est très dépendant d'un environnement aquatique, et qu'ils possèdent la capacité de respirer sous l'eau et de nager très vite. Je ne dis pas que c'est du jamais vu, mais c'est tout de même moins fréquent que les elfes ou les nains. L'auteur a fait l'effort de développer un peu leur culture, par exemple en leur faisant creuser des trous remplis d'eau au centre de leurs maisons pour qu'ils puissent discuter tout en ayant les jambes en partie immergées. C'est d'ailleurs la culture et la vie des ondins qui est, je crois, le point de l'univers qui nous est le plus détaillé, sans doute parce qu'on passe beaucoup de temps en leur compagnie.

Pour les personnages, j'avoue avoir eu un peu de mal à m'y attacher, en particulier Ciwen pour deux raisons. La première est que je ne suis pas très fan du caractère du personnage, surtout au début du récit. Il fait très héros solitaire un peu cliché, qui pense n'avoir besoin de personne et qui est renfermé et assez froid. L'autre raison est que si on sait qu'il cherche la Roche des âges, on ne sait pas trop pourquoi alors que les motivations d'Olivia sont plus claires. Ces deux points s'améliorent cependant dans la suite du récit : le personnage devient plus agréable et il expose un peu plus ses motivations. Il y a quelques autres personnages qui font un peu clichés, notamment les méchants qui sont juste des méchants très méchants, mais ça c'est assez courant donc on ne peut pas trop le reprocher. J'aime cependant assez le personnage d'Olivia, qui cherche à protéger son peuple quitte à avoir parfois recourt à des moyens un peu extrêmes.

Question écriture, il y a quelques phrases que j'ai trouvées un peu maladroites, mais rien de très dérangeant. L'auteur a fait aussi le choix d'avoir des personnages (en particulier Ciwen) qui parlent de façon assez familière, voir grossière par moment. On aime ou on aime pas, mais je trouve pour ma part que ça fait plus naturel pour des personnages qui ne sont pas issus de la noblesse (à condition tout de même de ne pas trop forcer sur la grossièreté). Le roman possède aussi une dizaine d'illustrations en noir et blanc pour mettre en image certaines scènes, ce qui n'est pas fréquent et que je trouve assez sympathique. Je précise au passage que la version illustrée du roman n'est pas encore disponible au moment où j'écris l'article, mais devrait l'être prochainement.

Le dernier point que j'aimerais soulever (mais c'est un détail), c'est le style un peu "manga" lors des combat. J'ignore si c'est volontaire ou non, mais la description des combats avec Ciwen me faisait à chaque fois penser à des combats d'animés japonais. Deux exemples pour illustrer mon propos : est-ce que vous avez déjà vu ce fameux coup d'épée qui tranche un mec en deux, mais ce dernier mets plusieurs secondes avant de s'en rendre compte et de tomber en morceaux ? Hé bien, on a exactement le même à un moment. Mais c'est surtout le déroulement global de plusieurs combats qui me fait dire ça : en général, le héros commence par être en difficulté jusqu'à ce qu'il active le mode "super saiyan" (avec de la lumière, des ailes magiques, les yeux qui brillent et tout) et se débarrasse de son adversaire dans un déchaînement d'énergie. Je me fais peut-être des idées sur cette inspiration "manga", mais c'est ce à quoi j'ai pensé à chaque fois. Ça n'est nullement un reproche : c'est le style de l'auteur et on l'apprécie ou non. Pour ma part je ne suis pas fan de mangas et j'ai donc parfois eu un peu de mal avec le récit des combats, mais c'est purement une question de goût.

Pour résumer, ce premier tome des Royaumes démoniaques n'est pas le meilleur roman que j'ai lu de ma vie, mais pas le pire non plus. J'ai globalement apprécié la lecture malgré les quelques reproches que j'ai pu faire, comme certains éléments de l'histoire que j'ai trouvé un peu grossiers ou des personnages auxquels j'ai eu du mal à m'attacher, raisons pour lesquelles il m'a fallu un peu de temps pour vraiment me plonger dans l'histoire. Gardez cependant en tête qu'il s'agit là d'un premier roman, et j'ai eu l'impression que le récit allait en s'améliorant (la plupart des choses qui m'ont dérangé se trouvent au début du récit et s'estompent par la suite, même si tout n'est pas parfait). D'autre part, certains des points que je n'ai pas spécialement appréciés (comme le style des combats) sont surtout une affaire de goût et ne concernent donc que moi.

Quoi qu'il en soit, j'ai envie d'encourager l'auteur à poursuivre son œuvre. Les défauts que j'ai pu trouver sont, à mon sens, des problèmes qu'on peut attendre d'un premier roman, et s'il parvient à les corriger (ce qu'il a déjà commencé à faire au fil de ce premier tome) ça peut aboutir à une série très appréciable. Pour ma part j'ai plutôt bien aimé le livre et je n'ai pas eu de mal à le terminer alors qu'il partait avec un handicap : celui d'être sous format numérique (je n'aime pas lire sur l'ordinateur). C'était le cas pour ma version car l'auteur me l'a envoyée avant la publication, mais vous pouvez vous le procurer en format papier sur amazon si vous le désirez (je rappelle que la version illustrée n'est pas encore disponible au moment de la rédaction de l'article, donc si le livre vous intéresse et que vous voulez avoir les dessins il faudra attendre un peu pour vous le procurer).

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