Cavalier vert

Je vais vous parler aujourd'hui d'une saga de romans que je classe dans la catégorie «sympa mais sans plus» : la série Cavalier vert de Kristen Britain.

Avant toute chose, une petite précision : à l'heure où j'écris cet article, la saga comporte 6 tomes mais je n'en ai lu que 5. Je comptais faire un article sur cette série depuis longtemps, mais comme pour d'autres j'attendais de lire la fin de la saga. Sauf que je m'en suis lassé (notamment suite au tome 5, je vais y revenir) et je n'ai pas l'intention de lire la suite du récit. Mon avis ne porte donc que sur les 5 premiers livres.

J'ai dû découvrir Cavalier vert au moment de la sortie du premier tome (qui porte le nom de la série), en 2008. À l'époque, ça semblait être un roman unique qui n'avait pas vocation à lancer une saga (d'ailleurs, le livre que j'ai ne fait aucune mention de la saga, et ne porte pas de numéro, contrairement aux livres suivants).

Il raconte l'histoire de Karigan G'ladheon, une jeune fille issue d'une famille bourgeoise (son père est un riche marchand, de mémoire) mais qui rêve d'aventure. Elle tombe par hasard sur un cavalier vert, un messager royal, alors que celui-ci agonise sur le bord de la route. Ce dernier lui confie la mission de remettre une missive de la plus haute importance au roi. Il lui remet le message en question ainsi que sa broche, qui l'identifie comme étant un cavalier vert (et qui se révélera magique par la suite). Karigan va prendre cette mission très à cœur et va se retrouver poursuivie par les assassins du messager qui ne veulent pas qu'elle puisse accomplir la mission que ce dernier lui a confiée.

La première chose qui frappe en lisant ce premier livre, c'est qu'il a été très inspiré par le Seigneur des anneaux. C'est tellement flagrant pour certains passages que c'en est presque du plagiat : la broche magique qui rend invisible (au lieu d'un anneau), l'héroïne qui se trouve piégée dans la toile d'une araignée géante (et qui s'en tire grâce à un bidule qui fait une lumière magique ? Ou l'aide d'un aigle ? Je sais plus trop, j'ai lu le livre il y a longtemps, mais il me semble qu'il y a quelque chose de ce genre), ou encore une autre scène qui ressemble furieusement au passage de la communauté de l'anneau chez Galadrielle, avec l'épisode du miroir (sauf qu'ici c'est un télescope, il me semble). Bref, si vous avez lu/vu le Seigneur des anneaux, vous aurez quelques impressions de familiarité en lisant Cavalier vert. Cela ne vaut cependant que pour ce premier tome, heureusement. Si la suite en a été également inspirée, c'est beaucoup moins flagrant.

En dehors de cette inspiration très marquée, que vaut la série ? Hé bien déjà, sachez que le ton ne conviendra sans doute pas à tout le monde, car il se veut assez léger tout en racontant une histoire sérieuse. On y parle d'assassins, de complots, de forces du mal et tout ça, mais la plupart des personnages se comportent comme des grands enfants, l'héroïne la première. Ça arrive régulièrement qu'ils se fassent des blagues ou se ridiculisent, tout ça pour donner une ambiance légère de bonne camaraderie. Le récit alterne donc entre ces passages légers et parfois limite burlesques (l'héroïne qui se met à courir dans les rues en chemise de nuit parce qu'elle a reçu un coup de corne magique dans les oreilles de la part d'un fantôme...) et les passages plus sérieux où ils affrontent les forces de Sauron, pardon, de Morhnavon.

L'univers ne m'a pas spécialement captivé, sans doute parce qu'il n'a rien de très original. C'est du classique de chez classique (sauf qu'on appelle pas les elfes des elfes, mais des élétiens. Whou.).

Et pour l'histoire... je serais bien en peine de vous en parler en réalité, puisqu'à part le premier tome (à cause des passages copiés du Seigneur des anneaux) et le 5ième (qui m'a marqué, mais pas en bien), je ne me rappelle absolument pas de l'intrigue. Je sais que je n'ai pas eu de mal à les lire, donc ça devait être suffisamment intéressant, mais ça ne m'a absolument pas marqué. C'est pour cela que je qualifie cette saga de «sympa mais sans plus» : sur le moment ça a été assez agréable à lire, mais pas suffisamment pour m'en laisser un souvenir durable ni pour me donner envie de m'y replonger.

Je vais m'attarder un instant sur le tome 5, puisqu'il est en bonne partie responsable de mon désintérêt pour la suite de la saga. Par contre je vais révéler quelques petites choses sur l'histoire, donc passez au paragraphe suivant si vous ne voulez pas savoir. Si le tome 5 m'a un peu fâché avec la série que j'appréciais jusque là, c'est parce qu'il a fait deux choses que je n'aime pas. Tout d'abord, l'héroïne effectue un voyage dans le temps. Alors ce n'est pas la première fois, c'était déjà arrivé dans les tomes précédents. Sauf que jusqu'ici, elle avait voyagé dans le passé, et elle ne faisait vraiment qu'observer (son esprit était envoyé dans le passé pour y revivre des événements). Dans ce cas, ça ne me dérange pas particulièrement. Mais dans le tome 5, elle est totalement projetée dans le futur et peut y agir. Je n'aime pas ça, car c'est toujours une source énorme d'incohérences par la suite. Les voyages dans le temps ça fout toujours le bordel, et je trouve toujours ça bancal quelque soit le livre/film/épisode de série. Deuxième point : vu qu'elle voyage dans le futur, elle se retrouve dans un univers plus avancé technologiquement, avec des armes à feu et des robots à vapeur. Là c'est purement une question de goût, mais je n'aime pas ce type d'univers, alors m'y retrouver ainsi plongé sans prévenir au milieu de la série et pour un tome complet, ça m'a énormément refroidi.

Le tome 5 m'a donc pas mal fâché avec la série, mais il y a un autre facteur qui m'a décidé à arrêté de la suivre : l'impression que l'auteure ne sait pas trop où elle va. Je ne me base sur rien d'autre que mon ressenti pour affirmer cela, mais je vais m'expliquer. Comme je l'ai dit, le premier tome me semblait vraiment être un roman unique : rien n'indiquait qu'il faisait partie d'une série, et l'histoire se suffit à elle-même. Mais il a dû avoir du succès, et l'auteure a donc décidé d'en faire une saga. Je ne sais pas si elle avait l'idée de faire une série dès le départ ou si elle l'a décidé suite au succès du livre, mais le fait est que depuis le tome 2 j'ai l'impression qu'elle enchaîne les tomes les uns derrières les autres en prenant grand soin de ne jamais donner une conclusion définitive afin de pouvoir continuer à exploiter le filon. À chaque fois les héros gagnent à la fin, mais soit en fait ils n'ont pas vraiment gagné, soit ils ont juste déjoué le plan de l'ennemi sans le vaincre, soit il y a un nouvel ennemi qui arrive. Dans tous les cas, ils n'ont jamais vraiment de projet pour la suite, et c'est surtout ça qui me fait dire que Kristen Britain se contente de rajouter des tomes sans avoir une idée claire de ce vers quoi elle se dirige, parce qu'on revient quasi systématiquement au point de départ. Et ça m'a un peu lassé à la longue de suivre juste des épisodes de remplissage sans que rien n'avance vraiment dans l'histoire, et sans avoir un objectif clair.

C'est pour ces deux raisons (un tome 5 déplaisant pour moi et l'impression de juste suivre des épisodes de remplissage d'une série) qui m'ont décidé à arrêter là l'aventure Cavalier vert. Maintenant tout n'est pas à jeter non plus, et j'ai apprécié les 4 premiers tomes (même si j'en garde assez peu de souvenirs). Si le ton mi-léger mi-sérieux ne vous dérange pas, peut-être apprécierez-vous Cavalier vert. Par contre, sachez que vous vous engagez pour une saga qui s'annonce longue, car il y a déjà 6 tomes et je pense que ça ne va pas s'arrêter là. Vous pouvez aussi très bien vous contenter du premier tome, qui se suffit à lui-même (mais il ne faut pas être allergique au quasi-plagiat). Par contre, si vous êtes en quête d'originalité ou de quelque chose de sombre, passez votre chemin, vous ne trouverez pas ça ici.