mardi 9 mai 2023

Première impression : Le livre des Terres bannies

Ça fait un petit moment que je n'ai pas parlé de livre et ce pour une bonne raison : j'ai attaqué plusieurs sagas et j'ai pas grand chose à dire dessus pour l'instant. Le seul bouquin dont je peux vous toucher quelques mots est le dernier en date : Malice, le premier tome de la saga du Livre des Terres bannies de John Gwynne.

Je re-précise tout d'abord que cet avis se fonde uniquement sur le premier livre de ce qui est apparemment une tétralogie, il est donc possible que je revienne dessus à l'avenir si je lis le reste de la saga et que j'ai une opinion différente ou complémentaire à partager à ce moment là.

L'histoire prend place dans les Terres bannies, un monde qui a été ravagé par une guerre entre deux dieux. On y suit plusieurs personnages et notamment le jeune Corban alors qu'une prophétie annonçant une nouvelle guerre des dieux (par l'intermédiaire de leurs champions respectifs) est sur le point de se réaliser.

Commençons directement avec ce qui m'emmerde le plus : l'abondance de personnages. Il y a globalement trois personnages qu'on suit : Corban (le vrai protagoniste), Veradis et Kastell. Évidemment, ils sont chacun dans leur coin à faire leurs trucs, et on doit les suivre tous les trois en parallèle dès le début, plus quelques autres personnages qu'on suit à l'occasion. Et c'est le bordel. Je suis pas contre le fait d'avoir plusieurs groupes séparés, mais quand c'est comme ça d'entrée de jeu avant même de connaître un seul d'entre eux, c'est super chiant. Il m'a fallu au moins la moitié du bouquin pour arrêter de confondre Veradis et Kastell (on identifie assez bien Corban car on le suit beaucoup plus que les autres), et environ 80% du récit pour enfin retenir le nom de Kastell (j'arrivais jamais à me rappeler de lui...). On saute sans arrêt de l'un à l'autre (ou à un personnage secondaire voire tertiaire) dès le début de l'aventure, donc c'est assez compliqué de se mettre dans le bain puisqu'on doit sans cesse se rappeler qui est qui et fait quoi pourquoi comment et où. Évidemment je n'ai mentionné que les 3 protagonistes mais il faut également retenir les autres personnages qui gravitent autour de chacun d'eux. Bref, le début est assez indigeste à ce niveau là en nous balançant des noms à tour de bras en s'attendant à ce qu'on les retienne tous du premier coup.

Alors on arrive à s'en sortir hein, j'ai pas eu particulièrement de mal à suivre l'intrigue, mais c'est quand même pénible de se demander à chaque fois «Attends, c'était qui lui déjà ? Ah oui ! Mais il faisait quoi au fait ? Ah oui, c'est vrai...». Mais le deuxième effet de ces sauts à répétition de l'un à l'autre est que j'ai eu beaucoup de mal à m'attacher à eux. En dehors de Corban (qui, encore une fois, occupe beaucoup plus le devant de la scène que les autres), je ne ressens aucun attachement particulier envers ces personnages. Ils n'ont pas de trait de caractère bien marqué, tout ce qu'on sait c'est que l'un d'eux est loyal et un très bon guerrier, et que l'autre a des problèmes avec son cousin. C'est tout. C'est un peu limité pour que je me soucie vraiment de ce qui leur arrive, et si l'un des deux disparaît subitement ça m'en touchera une sans remuer l'autre. Ça n'est pas aidé par le fait que le récit va à fond la caisse.

Car oui, tout va super vite dans ce livre. Les chapitres sont très courts (parfois 3-4 pages), les événements s'enchaînent sans qu'on s'attarde dessus et il y a fréquemment des ellipses temporelles si bien que je suis complètement incapable de dire combien de temps s'est écoulé dans le récit entre le début et la fin du bouquin.

Le bon côté c'est qu'on ne s'ennuie pas, il se passe toujours quelque chose. On arrive aussi à bien s'y retrouver dans le récit global malgré le nombre de scènes (mis à part quand on saute d'un personnage à l'autre où il faut un bref moment pour resituer l'endroit où on l'avait laissé). Par contre, je trouve que cette volonté d'aller le plus vite possible rend certaines scènes un peu confuses, du genre «Ah mais, ils sont dans le château en fait ? Je pensais qu'ils étaient ailleurs. Ils ont bougé depuis le début du passage ? J'ai raté la ligne qui indiquait le changement ou c'était juste pas clair ?». J'ai aussi trouvé que certains passages faisaient vraiment facile, par exemple le mec qui commet un crime au beau milieu d'un château mais qui arrive à s'enfuir sans problème alors que l'alerte est donnée au bout de 30 secondes : en à peine deux pages, on nous dit que le type commet son crime, que l'alerte est donnée, qu'on poursuit le criminel et qu'il a réussi à s'enfuir parce qu'il avait trop d'avance. Mouais, ça fait très «le scénario aurait été bien emmerdé qu'il se fasse chopper maintenant, donc on va dire qu'il s'est enfui».

Cette précipitation rend également l'univers moins palpable puisqu'on ne s'attarde jamais dessus : il y a des humains, des géants et des lupens, des sortes de gros loups un peu plus intelligents (semble-t-il). Voila tout ce que j'ai retenu de l'univers des Terres bannies, et le livre ne nous présente pas vraiment plus de choses que ça. C'est censé être un monde ravagé par une guerre divine mais ça ne se ressent à aucun moment. En fait, c'est quasiment passé sous silence et absolument rien dans le récit n'est là pour nous le rappeler, si bien que j'avais oublié ce détail jusqu'à lire un résumé juste avant d'écrire cet article.

Outre le côté très «univers de fantasy générique 1.0» j'ai un autre problème avec le monde des Terres bannies : un problème de taille (au sens propre). En lisant, j'ai eu la même impression que celle que j'avais avec les Chevaliers d'émeraude (paye ta comparaison pas du tout flatteuse, mais c'est vraiment la seule autre saga qui m'a fait cette sensation), celle d'un monde minuscule avec des royaumes qui se résument à un seul bled de 50 péquenots qui se connaissent tous et qui font la bise au roi tous les jours quand ils se croisent à la boulangerie pour acheter leur croissant du matin. Je suis navré mais j'ai vraiment du mal à croire à cet univers dans lequel j'ai l'impression qu'un royaume fait la taille de mon village natal. Alors certes il y a bien quelques éléments ici et là qui indiquent que c'est plus vaste que ça, par exemple le fait qu'il est nécessaire de voyager pendant plusieurs jours, voir plusieurs semaines pour aller d'un endroit à un autre, mais comme on passe extrêmement vite dessus (souvent avec une simple ellipse) ça n'a que très peu d'impact sur le ressenti global. Pire, par moments ça donne même une impression d'incohérence, par exemple lorsque le récit me dit que la troupe armée compte 3000 soldats, je me dis simultanément «Seulement 3000 ? C'est pas énorme pour l'armée d'un royaume» et «3000 ? Mais d'où ils sortent ? Ils doivent être à peine 40 dans la capitale en comptant les gosses, les chiens et les pigeons !».

Avec toutes ces critiques, vous vous dites certainement que je n'ai pas aimé Malice. Hé ben... si en fait, étonnamment. Bon c'est pas un coup de cœur non plus hein, faut pas exagérer, mais ça passe relativement bien. L'univers est quasiment intangible et inintéressant au possible, les royaumes ont l'air minuscules au point que j'ai du mal à y croire, on a encore une histoire de prophétie divine qui annonce le gentil élu qui va combattre le grand méchant (que le livre essaye d'ailleurs de garder mystérieux, mais franchement c'est assez téléphoné...), deux des trois protagonistes ont tellement peu de personnalité et d'intérêt que j'ai même eu du mal à retenir leur nom... mais j'aime bien le personnage de Corban et ceux qui gravitent autour de lui, l'histoire reste sympa et pas trop complexe à suivre malgré les sauts constants d'un personnage à un autre et le fait que tout s'enchaîne vite empêche de s'ennuyer. C'est sympatoche. Voila, si vous voulez un résumé en un seul mot, «sympatoche» me semble approprié. Je lirai très certainement la suite (au moins le deuxième tome), mais si je finis par lire la saga en entier il y a de bonnes chances qu'elle se retrouve dans la catégorie des bouquins que j'ai appréciés mais que je ne relirai sans doute pas.

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