samedi 26 octobre 2019

Dark Devotion

Petit jeu indépendant, Dark Devotion se présente comme un Dark Souls en 2D.

Présentation

J'ai récemment fait des articles sur Dark Souls 1 et 3, mais il y a un autre jeu du même style auquel je me suis essayé : Dark Devotion. Le concept du jeu est un peu le même que pour la saga des Souls : on progresse dans un univers médiéval fantastique peuplé d'ennemis assez violents, le tout ponctué de boss impressionnants et exigeants. L'esquive est le maître mot des combats, et il ne sera pas rare de mourir sous les coups des ennemis. La principale différence est que ici le jeu est entièrement en 2D.

Vu qu'ils sont de la même trempe (mis à part que l'un est tout plat et l'autre non), je vais immanquablement faire la comparaison entre Dark Devotion et Dark Souls, qui est un peu la référence en la matière.

Dans Dark Devotion, pour commencer, vous n'avez pas le choix de votre personnage : vous incarnez une templière qui doit s'enfoncer dans les entrailles d'un temple lugubre. Il n'y a donc pas de création de personnage, vous entrez directement dans l'aventure avec cette héroïne pré-déterminée (qui n'a pas de nom et ne parle jamais). C'est là une des principales différences avec Dark Souls (que je vais abréger DS), d'autant plus qu'il n'y a pas de gain d'expérience ni de niveau. L'augmentation des statistiques du personnage se fait au travers de l'activation de pierres runiques disséminées dans le jeu, chacune augmentant de manière passive un des attributs du personnage (dégâts, endurance et foi). Il y a tout de même quelque chose qui ressemble à des points d'expérience que l'on gagne en tuant des ennemis et qui servent à débloquer des bonus passifs. On dispose en effet d'une série de bonus (dans World of Warcraft, on appellerait ça des "talents") répartis en plusieurs paliers. On débloque ces bonus en dépensant ces fameux points récoltés sur les ennemis, mais on ne peut activer qu'un seul bonus à la fois sur une même ligne. Ça ne coûte cependant rien d'en changer, mis à part un retour au campement central.

La personnalisation de l'avatar est donc très limitée, puisqu'elle se résume à choisir quels talents on va utiliser, ainsi que notre matériel de départ à chaque expédition. Bien que le jeu propose une forme de magie, elle vient plus en bonus que comme une alternative de combat à part entière ; il n'est pas possible de jouer un pur magicien comme on peut le faire dans DS. La principale différence entre un personnage et un autre va être l'arme utilisée, et c'est à peu près tout.

Parlons de la construction du jeu et de la progression. Dans DS, le jeu est découpé en grandes zones avec généralement un boss à la fin. Lorsque vous mourrez, vous revenez au dernier feu qui sert de point de sauvegarde, et vous perdez toutes vos âmes (expérience/monnaie) accumulées. Cela fait également réapparaître les ennemis. Ce dernier point est le seul vraiment commun avec Dark Devotion : lorsque vous mourrez ou que vous retournez au campement, les ennemis réapparaissent et il faut tout refaire.

Dans Dark Devotion, le monde est également découpé en plusieurs grandes zones, mais chaque zone est constituée de plusieurs salles plus ou moins grandes et interconnectées. La progression se fait donc par salle et il est impossible de revenir en arrière. C'est là quelque chose d'assez perturbant au début : le personnage est incapable de sauter ou de grimper, donc dès que vous vous laissez tomber d'une certaine hauteur, c'est fini, vous ne pouvez plus faire demi-tour. De même, lorsque vous quittez une salle, la porte se verrouille derrière vous, vous forçant à aller de l'avant.

Bon pas de panique, en vérité il est possible de revenir en arrière (c'est même indispensable pour pouvoir explorer le donjon de fond en comble). Mais cela se fait de manière détournée. En fait, à chaque fois que vous atteignez une nouvelle zone, un accès direct vers celle-ci est débloqué au campement central, ce qui vous permet de revenir au début de la zone pour la refaire en prenant un chemin différent. Il y a également des portails disséminés au travers du jeu qui permettent de s'y téléporter directement, mais attention : seul le dernier portail activé reste accessible. Si vous voulez revenir en arrière, vous n'aurez donc pas d'autre choix que de revenir au campement (que ça soit en mourant ou en vous téléportant avec un objet) et de repartir du début de la zone ou d'un portail que vous avez activé précédemment. Cela implique évidemment toutes les contraintes liées au retour au camp, comme la réapparition des ennemis. Cette impossibilité de retour en arrière peut paraître gênante au premier abord, mais au final pas tant que ça. Une fois qu'on connaît les salles on peut les traverser assez rapidement, ce n'est donc pas très contraignant de recommencer une zone du début pour prendre un autre chemin.

Une autre grosse différence avec DS est ce qu'on perd lorsqu'on meurt ou retourne au campement. Déjà, sachez que mourir ou se téléporter au camp a exactement le même effet : on perd la même chose dans les deux cas (alors que dans DS on ne perd les âmes qu'en cas de mort). Vu qu'il n'y a pas vraiment d'équivalent aux âmes dans Dark Devotion, ce que vous perdez en mourant c'est... votre équipement. Hé oui, à chaque fois que vous retournez au camp, vous vous retrouvez à poil (enfin, en habits simples quoi). Et pas moyen d'aller récupérer votre équipement là où vous êtes mort, tout disparaît. Heureusement, le camp dispose d'un forgeron qui vous permettra de récupérer gracieusement un équipement de départ à chaque fois. Les options offertes par le forgeron s'étofferont au fur et à mesure : chaque boss du jeu laisse tomber une nouvelle arme qui devient accessible via le forgeron. Certains objets récupérés sur les monstres sont également ajoutés à la sélection (mais pas tous). Lorsque vous progressez dans les niveaux, les ennemis vous lâcheront souvent des pièces d'équipement, que ce soit des armes, des armures ou des consommables. Si vous ramassez une nouvelle arme, vous laissez forcément tomber l'ancienne à la place. Vous ne pouvez porter que deux armes à la fois, et une seule armure. Quand vous en équipez une nouvelle, l'ancienne tombe au sol. Ça va avec cette logique de "on ne retourne pas en arrière" voulue par les développeurs. Bien évidemment, les objets débloqués chez le forgeron restent disponibles tout au long du jeu, mais pour les autres, vous ne les garderez que tant que vous ne ferez pas un retour (forcé ou non) au campement.
Je fais une petite parenthèse sur les armes, puisque j'en parle. Il y a globalement 4 sortes d'armes : les armes à 1 main, les armes à 2 mains, les arcs et les sorts. Car oui, les sorts sont en fait des armes : ils prennent la forme d'un livre de magie (qui peut être équipé à la place du bouclier pour avoir une arme en même temps), chaque livre permettant de lancer un seul et unique sort. Lancer un sort consomme de la foi, une ressource utilisée pour ouvrir certains passages et pour prier à des autels (qui peuvent accorder un bonus, soigner le personnage, etc...). Les armes à une main sont plus rapides et permettent de porter un bouclier, tandis que les armes à deux mains sont plus lentes mais font plus de dégâts et ont généralement une meilleure portée. Les arcs, enfin, sont limités à 10 flèches, mais on peut trouver des tas de flèches à certains endroits permettant de recharger le stock (il n'est cependant pas vraiment possible de jouer uniquement à l'arc, ne serait-ce qu'à cause des boss qui demandent plus de 10 flèches pour être vaincus).

Autre chose concernant la progression dans Dark Devotion : le système de bonus/malus. Pour le coup ce n'est pas quelque chose que l'on retrouve dans DS. En fait, au fur et à mesure de votre progression, votre personnage va acquérir des bonus et des malus passifs qui vont dépendre majoritairement de vos actions. Par exemple, utiliser la même arme pendant longtemps va vous octroyer un bonus de dégâts. En revanche, si votre personnage reste longtemps avec peu de points de vie sans recevoir de soin, vous allez subir un malus à votre régénération d'endurance. Vous aurez un malus différent si vous vous trimballez avec une armure en mauvais état, un autre si vous fuyez un combat en quittant la salle, encore un autre si vous passez trop de temps sans prier à un autel... Bref, il y a tout un tas d'effets divers, bénéfiques ou non, que vous allez accumuler au cours de votre progression. Tous ces effets persistent jusqu'à ce que vous retourniez au campement, auquel cas tout est remis à zéro. Vous pouvez également vous en débarrasser avec des consommables ou en priant à certains autels. On a donc un effet «jusqu'où je peux aller sans mourir» plus important que dans DS : dans ce dernier, lorsqu'on atteint un feu, on peut souffler un peu. Ici, pas de répit tant que vous n'êtes pas mort (ou que vous retourniez au campement, ce qui revient au même), et lorsque ça arrive, on reprend tout à zéro puisqu'on perd à la fois l'équipement et les bonus/malus accumulés.

Parlons un peu du bestiaire. Ce sont principalement des humanoïdes divers et variés, allant de la goule au gros chevalier en armure. Il y a aussi quelques bestioles un peu plus étranges, mais ça n'est pas la majorité. Mais lorsqu'on parle bestiaire, on parle surtout des boss. Un des gros intérêts de DS, ce sont ses boss super classes. Ici, vu que le jeu est en 2D et avec un rendu un peu pixelisé, ça n'a pas forcément autant de gueule, mais ça reste cool. La plupart des boss ont franchement un aspect sympa, parfois étonnant (mention spéciale à la femme enceinte qui se transforme en vilaine sorcière), et le combat est toujours accompagné d'une musique assez chouette. Comme pour Dark Souls, les boss ont un certain nombre d'attaques qu'il vous faudra apprendre à esquiver avant d'en venir à bout. Ça se fait un peu plus simplement que dans un DS pour deux raisons : la première est que le moment où on doit faire l'esquive est assez intuitif, les boss n'ont pas vraiment d'attaque retardée comme ça peut être le cas dans DS. La seconde est que à cause (ou plutôt grâce) au rendu en 2D, on a une lisibilité parfaite et aucun soucis de caméra (hourra !). Dans Dark Devotion, si vous vous faites toucher, c'est vraiment parce que vous vous êtes raté et pas parce ce que la caméra est aux fraises à cause d'un boss beaucoup trop grand. De plus, il y a systématiquement un portail placé juste avant un boss, on peut donc y retourner directement si on meurt pendant le combat. J'ajoute au passage que presque tous les combats de boss se font en deux phases plus ou moins marquées. Il est également possible de les refaire, puisque contrairement à DS les boss réapparaissent aussi avec les autres ennemis (mais un objet disponible chez le forgeron permet d'éviter cela).
Je n'ai pas encore parlé de l'aspect graphique du jeu. Il possède un style volontairement pixelisé (on distingue très mal les visages, notamment celui de l'héroïne), mais qui rend assez bien. C'est évidemment une question de goût, mais je trouve que ça fait le boulot, et ça n'empêche pas les boss (et certains ennemis du jeu) d'être assez classes. L'univers est assez sombre et glauque, et chaque zone possède sa propre esthétique.

Pour la durée de vie, il m'a fallu une grosse dizaine d'heures pour boucler le jeu en tuant tous les boss (certains sont optionnels). C'est évidemment moins qu'un Dark Souls, mais le jeu est aussi moins cher. Il n'y a cependant pas de mode "new game +", et le fait d'avoir peu de marge dans le développement du personnage réduit fortement la rejouabilité. 

Au niveau de l'histoire enfin, elle est très peu développée. On doit se rendre dans un temple pour le purifier et... voila. C'est à peu près tout ce que j'en ai compris. On trouve des textes ici et là pour étoffer un peu l'univers, mais ça reste assez superficiel. L'histoire est plus un prétexte qu'autre chose et ce n'est clairement pas pour ça que vous vous intéresserez au jeu.

Avis et reproches

Qu'est-ce que je pense de Dark Devotion au final ? Que c'est un jeu franchement sympa, assez bien dans l'esprit des Dark Souls tout en étant différent sur certains aspects. Si vous êtes rebuté par la difficulté des DS, laissez une chance à Dark Devotion qui me semble un peu plus facile (il y a peu de boss sur lesquels j'ai vraiment galéré). Si vous êtes un habitué des DS, Dark Devotion peut vous proposer quelque chose d'un peu différent, rien que par le fait d'être en 2D.

J'ai cependant quelques reproches à faire au jeu. Pour commencer, la rejouabilité. Comme je l'ai dit un peu plus haut, elle est assez limitée puisqu'on ne peut pas vraiment faire un personnage différent d'une partie à l'autre. On a pas la possibilité de faire un pur magicien et jouer uniquement à l'arc me semble compliqué (d'autant qu'on ne débloque pas forcément tout de suite un arc chez le forgeron). Il y a donc de très fortes chances que le personnage que vous allez jouer soit le même à chaque fois (vous allez éventuellement tester une arme différente, mais c'est à peu près tout). Et d'ailleurs, puisque je parle de refaire le jeu, il y a un truc qui me semble aberrant : il n'y a AUCUNE option dans le jeu pour faire une nouvelle partie ! Si vous voulez recommencer du début, il faut aller dans le répertoire du jeu et supprimer les fichiers de sauvegarde. C'est franchement pas terrible et je ne comprends pas qu'une telle option n'aie pas été intégrée.

Autre reproche, la fin du jeu que j'ai trouvée un peu précipitée. Tout au long du jeu, on sait à peu près où on en est puisqu'il y a un genre de compteur de boss vaincus dans le campement central : on sait donc combien de boss il nous reste à faire, ce qui permet d'en déduire à peu près où on en est dans l'exploration. Sauf que les 5 derniers boss (donc environ un quart des boss du jeu) s'enchaînent les uns à la suite des autres sans aucune salle à explorer entre chaque ! J'ai été extrêmement déçu à ce niveau là, d'autant qu'au final on profite très peu des armes récupérées sur ces derniers boss. L'exploration du donjon est quand même une part importante du jeu, et en être soudainement privé m'a laissé un petit goût amer.

Enfin, dernier reproche et le plus incompréhensible pour moi sur un jeu sorti en 2019 : l'impossibilité totale de configurer les contrôles. Bordel, qu'est-ce que j'ai pu râler là-dessus la première fois que j'ai lancé le jeu. Que ça soit au clavier ou à la manette, impossible de changer les affectations : il faut faire avec ce que les concepteurs ont prévu, point final. En plus, le jeu ne reconnait que deux types de clavier : azerty et qwerty (et c'est pas automatique, il faut le sélectionner dans le menu). Si, comme moi, vous utilisez une autre disposition que ces deux là, hé bien tant pis ! Il faudra passer en qwerty ou azerty avant de lancer le jeu, sans quoi les contrôles seront complètement foireux. C'est pour moi un des éléments les plus impardonnables du jeu, et ça me semble franchement assez grossier comme défaut (avec l'absence d'option pour commencer une nouvelle partie, ce qui ne doit quand même pas être bien dur à coder).

Conclusion

Au final, Dark Devotion est un jeu très sympathique dans le style Dark Soulien : moins long, (un peu) moins difficile, avec moins de possibilités que la référence (mais aussi moins cher), il remplit quand même l'essentiel du contrat avec des boss assez chouettes et pas toujours évidents, une progression agréable avec une évolution de la difficulté assez bien dosée, des morts punitives mais pas trop, et propose même quelques idées sympathiques comme l'impossibilité de revenir simplement en arrière ou le système de bonus/malus. Le jeu possède quand même quelques défauts, comme une rejouabilité pas forcément au top, une fin un peu précipitée, et même des erreurs de conception avec l'absence d'option de nouvelle partie et l'impossibilité de configurer les contrôles. Cependant, si vous cherchez un jeu "à la Dark Souls" en un peu différent, Dark Devotion peut vous offrir cela.

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